Curan

3 janvier 2020

Nuit bleue sur le Lévézou

  Lune curieuse, lune précieuse, lune rieuse. Juste un croissant. Je l’envie ainsi à demi-cachée, à demi-voilée. Comme un sourire parfait dans le noir bleuté d’un ciel encré à l’excès, lèvres pincées, libre de glisser ainsi, sidéral, dans ce vaste caravansérail astral. J’ai rendez vous avec le nouvel an. Sur cette route du Lévézou qui me mène je ne sais où un soir de réveillon sans cotillons ni Patrick Juvet sur le microsillon. Pas besoin de se mettre sur son 31 pour vivre ainsi un 31 en libre farandole pour sagittaire noctambule sans baby doll. Pour seul guide ? Ce croissant de lune espiègle, se cachant, se dérobant, s’évanouissant puis réapparaissant tout sourire au gré des nappes de brouillard se déchirant ici et là à l’heure des cris aux loups et du hibou. J’ai donc rancard avec ce grand bazar d’une année en reddition pourchassée par une nuit infinie. Sur le Lévézou, je plonge dans le flou. Ca oblige au silence. De toute façon, ya-t-il plus à dire ?  Ya-t-il plus à réfléchir ? Si proche des douze coups de minuit à cavaler ainsi dans le sillon ondulant des grands champs. Ca oblige au regard perçant dans le halo des phares éclairant. Pour ne voir que l’essentiel, pour fuir le superficiel. Je suis en confiance. Je rentre dans la confidence, aspiré par ce V de lumière dans lequel défilent sur les bas côtés murets, fossés, piquets bien alignés et arbres tordus, fourbus par tant et tant de conquêtes sur les vents assaillants. Je […]