Larzac

13 mars 2025

Les Résistantes 2023, le temps presse !

Commençons par la fin, jour 3 des Résistantes, retour au bercail, petite route de L’Hospitalet, une pointe de nuit naissante, ciel chargé de nuages musclés. J’ai tourné la molette des ondes, j’ai trouvé assez facilement dans le crachotie de mon vieil autoradio les 98.6 de Radio Résistantes. Dans le poste, une voix bien connue, gaillarde, un peu canaille, celle de Léon Maillet, illustre paysan, l’un des très rares combattants de la lutte, né sur le plateau, encore sur ses deux jambes. Au micro, une animatrice, vive et pétillante, voix fraîche et picotante, elle tient le bon client, questions enjouées, réponses délayées, c’est du petit lait, pointe de cannelle saupoudrée et gouttes de cognac délayées, ça coule tout seul. Léon Maillet a cette phrase qui me colle les doigts au volant « Il est comme une bougie qui s’est éteinte ». Il parle ainsi de José Bové, le grand absent de ces Résistantes. Puis celui qui avoue verser aujourd’hui dans le complotisme ajoute pour atténuer son propos comme une excuse obligée «mais il ne faut pas oublier tout ce qu’il a pu faire et apporter». L’ombre, la gueule, la pipe, la moustache, l’engagement de José Bové, dans l’embrasement des débats, des tables rondes, des joutes, des témoignages, des utopies partagées, des voix expertes, 150 rencontres lors de ces quatre journées, ce ne fut qu’un chemtrail à peine perceptible, vite évaporé, tel un vol d’oiseaux migrateurs traversant comme l’éclair ce ciel tourmenté. Une histoire d’époque, le temps qui passe, une génération en […]
13 mars 2025

Du rêve à la réalité, combien de temps faut-il ?

Léon Maillé ne joue ni de la flûte, ni du pipeau, pourtant tel le charmeur de serpent, il peut vous ensorceler avec ses petites historiettes sorties contre toute attente de son chapeau. En toutes circonstances, rencontré dans l’intimité du cimetière de St-Sauveur, un arrosoir la main ou bien encore devant le tribunal de Millau, présent pour soutenir Francis, Rocky et Eric, les trois paysans victimes de violence lors d’une manifestation, ce résistant jusqu’à son dernier souffle dégaine toujours la petite histoire titillant vos oreilles comme lorsque que l’on tapote le rebord d’un verre en cristal. Nous attendions donc que la porte du tribunal s’ouvre enfin pour en savoir plus sur la peine requise contre nos trois militants. L’impatience était manifeste, chacun, chacune tuant le temps à sa façon, les drapeaux en berne, nombreux lorgnant sur les plats de frites servis aux affamés, les tracts posés à côté de l’assiette, le kebab fumant et odorant jusqu’à nos narines à portée de lèvres. « Un jour, j’ai vendu une photo à Libé ». Ainsi commence l’histoire racontée par Léon Maillé, l’œil vif de celui qui vous harponne avec malice « j’étais sous la tour Eiffel (…le 27 novembre 1980, 74 paysans du Larzac campent sur le Champ de Mars…) et j’avais fait quelques photos en noir et blanc avec mon petit appareil (…il fait le geste avec les mains…). Et un journaliste de Libé passe, on discute et il me demande « vous avez fait des photos. Je peux avoir votre pellicule […]
12 mars 2025

L’Astragale, tout ça pour une soupe chaude !?

Le décor de ce ravitaillement est sobre et minéral même si quelques croûtes à l’huile égayent les murs à la pierre nue. Le Viala du Pas de Jaux, c’est l’étape finale tant attendue sur le long chemin reliant deux cités Templières. Dernier petit havre salutaire sur cette Astragale cinglante et déchirante tant le vent endiablé se montre sans pitié, cisaillant les corps courbés aux abords des falaises. Dans le coin gauche de cette salle sous plancher de la tour grenier médiévale, Christian accompagné de Jean Marie, est à la louche. Sa silhouette se distingue dans les vapeurs s’échappant des marmites et la chaleur des fourneaux, alors qu’à sa gauche, trois dames bien emmitouflées sous un surcot médiéval, servent avec courtoisie un breuvage revigorant. A l’odeur, il n’y a aucun doute sur la nature même de cette soupe miracle. En ce 8 décembre jour de l’an 8 de l’Hivernale, un Minestrone mijote sur trois feux dans de gros faitouts. Une préparation propre aux Templiers pour ce potage épais riche, selon les recettes italiennes, en légumes de saison, en pâtes, en haricots, saupoudrée au final de Parmigiano Reggiano râpé. Seule entorse pour cette « Templière », ce sont des dés de tome de Laguiole qui agrémentent cette potion aux vertus apaisantes. Le Minestrone, « c’est une soupe de gauche », une soupe populaire, une soupe paysanne, c’est ainsi que l’artiste milanais Giorgio Gaber, très inspiré par Jacques Brel, le chantait dans sa chanson Destra Sinistra. Un Minestrone populaire pour une course populaire, […]
12 mars 2025

En mobylette sur le Larzac, destination Mas Razal

Ce dimanche, Justine Wojtyniak et Stefano Fogher invitaient sur leur scène du Mas Razal, la compagnie « le plus petit espace possible » pour leur spectacle « Mobylette ». «Mais par où tu es arrivé toi ?» En descendant ce long escalier de bois où un chat se prélassait entre deux marches, Justine m‘interpella, assise sur une petite chaise, le visage éclairé par un beau soleil, invité salutaire aux airs printaniers. Auprès d’elle, des objets particuliers, décor singulier, un pot d’épis séchés, une mappe monde, un chapeau haut de forme posé en équilibre sur un abat-jour, le crane d’une brebis, une petite boîte rouge, coffret à ranger des secrets. Et puis, devant elle, ce petit cahier dont elle tournait les pages ouvertes sur la liste des convives et conviés. Je n’étais pas le premier arrivé, mais presque. La maîtresse de maison griffa mon nom, je lui versai mon obole et posait mes fesses dans le creux d’un divan moelleux, invitation, je supposais, à la délicatesse des après-midi paresseux. J’étais donc au Mas Razal, ce lieu de résistance et de liberté artistique. Les jambes allongées à observer les invités, pour la plus-part des habitués, la nouvelle garde du plateau et quelques visages connus, vieille garde de la lutte du Larzac que Justine embrasse à la manière de nos grands-mères, l’étreinte maternelle et charnelle. Au-dessus de ma tête, un petit écriteau noir punaisé sur du lambris, je me suis levé pour en lire le message manuscrit »c’est bien la pire folie que […]
10 mai 2020

On est enfin demain, ça fait du bien !

  LARZAC-VID Ce soir, je l’avoue, je suis allé au Pompidou, J’suis arrivé tard, dans une lumière chien loup. Devant moi, des herbes sèches et chancelantes jusqu’aux genoux, J’étais là pour me vider les poches et jeter des cailloux. Au Pompidou, le monde n’a pas de toit, quelle plus-value, Tu peux chercher, tu peux fouiller y’a pas de portes non plus. Y’a pas de plafond, rien…Le ciel, c’est comme un lagon, Tu plonges sans harpon, tu peux narguer tous les hameçons. Tu ne crains rien, le Pompidou, c’est une descente de lit, Y’a bien des chardons, cendrier ébréché, échoué sur ce parquet mal dépoli. Tu ne sens rien, la nuit se dépose, poreuse, peureuse, en papier buvard, Sans abeilles pour jouer les lunes de miel, tu peux tout dire, il n’est jamais trop tard. La trotteuse se balade, il est déjà minuit moins le quart. Les ombres sont cafards, les mots sont bavards. Une seule nuit suffit au jour du lendemain, Y’a pas besoin d’aller plus loin, tu peux te sentir bien. T’es sûre d’aller plus loin ? Y’a pas de tremplin, Laumet c’est loin, J’ai pas de briquet, tout se ressemble, je serre les poings. Dans les buis, y’a d’vieux fours à charbon de bois, je sais, on peut s’y retrancher, On peut tout imaginer, toi et moi dans ces grands cerceaux de fer rouillé. Je colle à tes reflets, ton collier de paillettes, des micas de pacotille, Sans retour sur soi, nuit docile, c’est bien assez pour trouver […]