Légion Etrangère

19 avril 2020

Le confinement, ça gratte, ça gratte

  MILLAU-VID   La 2CV, c’est comme la vespa, c’est un art de vivre. C’est la simplicité, ce sont des formes uniques, une silhouette indéfinissable avec ce bombé, ces galbes, ces courbes, sans oublier les détails, les phares, les sièges, les roues, le coffre, le rétroviseur, les freins. C’est aussi un bruit, reconnaissable, identifiable même place de la Concorde. Certains disent «ce sont des oeuvres d’art».   Je l’ai entendu arriver de loin, ce cliquetis précis, pas vraiment perché, un poil dans les aigus, assez incisif pour identifier cette deuche allant bon train au pied des remparts. Place de la Mairie, dans un virage à droite, elle s’est inclinée légèrement, pas de changement de vitesse, tout en seconde, bruit renforcé, légèrement perché. Le bolide juste garé devant moi, je demande à la conductrice, une baguette sous le bras, vite achetée au boulanger des remparts «elle va bon train votre voiture ?».   Il est 8 heures, La Cavalerie se réveille en douceur. Pas un képi blanc dans les rues, la Légion somnole. Pas un souffle de vent, le drapeau gît en berne, enroulé sur son mât comme un serpent, tête en bas. Devant l’entrée du régiment, le planton de faction est emmuré et figé sur ses deux jambes comme une âme en peine. A quoi pense-t-il ? A sa patrie lointaine ? A son amoureuse lointaine, belle comme un Hawaïenne ? Non loin, seuls quatre troufions tripatouillent dans un buisson, l’un deux, d’un fort accent russe me lance «ben oui, […]
14 juillet 2018

Ca sentait bon le Larzac chaud

Lettre à mon tonton Albert que j’ai toujours appelé Albert 1er       Cher Tonton, Je ne résiste pas à l’idée de t’écrire ces quelques mots. Car ce matin, je te devine déjà froncer les sourcils, j’assistais à mon premier défilé militaire à l’occasion du 14 juillet. En réalité, ce n’est pas tout à fait une découverte. Car autrefois, j’assistais à maintes parades cadencées sous des soleils à faire fondre des enclumes dans des pays où la justice n’est que parodie, où l’on égorge encore pour un vol de poule. Comme tu le sais sans doute, cela ne t’a pas échappé, la Légion Etrangère s’est installée dans les murs du camp militaire de La Cavalerie. Je vois ton petit sourire en coin car j’ai encore le souvenir précis de cette phrase que tu répétais à qui voulait bien l’entendre « il faut toujours se méfier du mouvement de balancier ». En effet, dans ce cas précis, le retour de l’infanterie à La Cavalerie, quelle ironie du sort ! J’ai passé l’âge de te surprendre toi qui a pourtant tout essayé afin de me faire admettre que l’armée, nous en avions besoin. Je ne vais pas te resservir tes discours qui ont animé plus d’un repas de famille. Très arrosés, je l’admets. Je me souviens d’un 14 juillet, justement !!! Tu avais bien failli en venir aux mains avec ton frère René. La guerre d’Algérie a laissé de longues cicatrices que l’on n’évoque que rarement. Bon je l’avoue, mon vieux fond antimilitariste pur […]