Paris

27 décembre 2019

Les couleurs de Belleville

  JUST GO WITH MY PINCE A VELO   Aujourd’hui, ma fille a 20 ans. 20 ans, c’est l’âge de tourner en rond ou de grimper des éperons. 20 ans, c’est l’âge de gueuler ou d’se résigner. 20 ans, c’est l’âge des grandes vadrouilles, des grandes illusions, de la débrouille. Pour se trouver, se prouver, de définir, agir. A 20 ans, ya plus besoin de bougies, de repas aux sushis, ni de parfum au patchouli. Je lui dis «allez viens, je t’invite à Belleville». Elle me répond «Belleville, mais c’est bidon» J’ai pensé « ouf, j’ai échappé à « OK Boomer ». Je la taquine « tu veux qu’j’ te chante du Souchon «j’suis bidon» ? Elle me tape sur l’épaule «ok, j’oublie les talons hauts, je vais jouer le p’tit oiseau». Manteau sur le dos, nous avalons les quatre étages en rigolant, en sprintant. Premier en bas, je me retourne « alors le papy boomer, il est bidon ?». Dehors, pas de bus, des Uber englués, étranglés. Pas de Vélib, je lui dis « à nous Belleville, à pince, on va faire les urban sapiens». Première impression, de si bon matin, des Deliveroo en maraude, sans pince à vélo. Plus loin, à l’angle d’une rue, sous une enseigne jaune, une porte ouverte, un local aux murs blancs, des livreurs Fritchi, assis sur leur cadre de vélo, petit peuple, sans phare éclairant, sur le petit plateau de la malbouffe connectée. Ca parle wolof. Ils se caillent les os.  Je pense «Pauvre de nous». J’ai envie de fredonner le […]
2 mai 2018

Carré blanc sur les Black Blocs

Regard sur la traditionnelle manifestation du 1er mai au cours de laquelle, les Black Blocs ont crevé l’écran, fait hurler et pleurer quelques commerçants sauvagement dépouillés et vampiriser un cortège démembré. Reportage réalisé à Paris le 1er mai 2018
2 novembre 2017

Un jour de Toussaint au Père Lachaise

  RENCONTRE Un homme s’assoit à mes côtés sur ce banc face au jardin des souvenirs Il me dit : ma femme est partie, voilà quatre ans déjà » Il ajoute : « J’ai demandé à ma nièce,  c’est là que je veux être ». Il tient serré entre ses mains deux roses, Il s’excuse presque « J’ai voulu acheter des roses rouges Bon, il n’y en avait plus, j’ai pris du rose De toute façon, elle ne verra rien, Le plus important, c’est qu’elle soit dans mon cœur ». Il me parle de sa jeunesse, de son métier de carrossier, Il est fier « vous savez j’ai fait fortune ». Il précise « ma femme, elle n’était pas pingre,  elle était économe » Il parle de la guerre «j’ai été dans la résistance, dans le Cher » Ces yeux se brouillent « La guerre,  c’est une saloperie » Paris – cimetière Père Lachaise – 1 novembre 2017