Templiers

17 avril 2020

Les Templiers dans 165 jours, c’est dans un siècle !

MILLAU-VID   « Gilles…Gilles… »…Cette voix, plus exactement cet accent, je le connais, un mélange de titi parisien et ce phrasé si particulier du centre de la France, pour être plus précis du côté de Saint Amand Montrond. Je me retourne, c’est bien elle, celle qui fut autrefois poissonnière aux Halles de Millau avec comme vous pouvez le deviner, une certaine gouaille pour vendre rougets, merlus et autres grondins, sur le flanc gisant, les écailles luisantes «Ah, j’en peux plus de ce masque» et d’ajouter dans la foulée vite fait bien emballé «alors les Templiers, vous y croyez ?». A question directe, réponse évasive, réponse de Normand (que je ne suis pas…) «on verra». J’ai fait pivoter ma main, face dorsale puis face palmaire pour ajouter « allez, c’est du 50/50 ». Au 32ème jour du confinement que pouvais-je dire de plus ? Afficher un optimisme stupide et infantile ou bien me rouler dans le catastrophisme ambiant, j’ai choisi la voie médiane comme lorsque gamin on apprend à marcher sur le bord d’un trottoir, les bras écartés, bouts de pied tendus, à chercher un équilibre fragile. J’ai poursuivi mon chemin. De loin, j’ai vu Christian traverser le boulevard, blouson bleu des Templiers sur le dos et casquette blanche reconnaissable. Avant même qu’il ne stoppe à cinq mètres de moi, je connaissais déjà la question «bon alors, faut-y croire ? Tu le sais moi pour octobre, je suis prêt». J’ai rassuré comme je pouvais ce bénévole dévoué qui chaque année, sans […]
16 février 2020
Festival des Templiers

Il faut peu pour lancer une idée

  Une pièce froide, un lino luisant, plus rien dans les coins. Au plafond, juste une ampoule pour éclairer cette petite chambre de gentil garçon et puis ce carton. Là, posé là…comme une valise abandonnée, dernier signal, là, en bout de quai. Dernier trait d’union, comme une dernière pelure d’oignon à peler, à pleurer, déconfis, vie en confettis. J’ai fouillé, j’ai feuilleté, des petits cahiers Héraklès. Odeur de carton humide, de papier mâché. J’ai saisis le premier, couverture rose, papier velin neige, 48 pages. Quelle classe ? C’est écrit sur la première page, lettres parfaites au rotring, année scolaire 1968 – 1969, 4ème M2 1, CES de Mehun sur Yèvre, entre parenthèse (mixte). Au milieu de la pile, un petit cahier, même format, couverture verte, le scotch a jauni mais reste collé aux quatre coins. Page 6, un cours de secourisme «comment apprendre à faire une piqûre ?». Défraîchi, jauni, vieilli, couverture kraft, un cahier de chant, des chants du Berry. Belle écriture à la plume, pas vraiment mâture mais sans rature. Fin d’année 68, j’écoutais Jimmy Hendrix, l’album «Electric Ladyland» la nuit chez Blanc Branquart, planqué sous la couette, les pieds dégivrés sur une chaufferette. La même année, debout, intimidé, devant Monsieur Carré, un prof aimable comme une pierre tombale, je fredonnais,  droit comme un piquet, poitrine ouverte »je n’avais qu’un épi de blé». Le grand écart, décollage assuré, atterrissage déjanté. A genoux sur le lino, j’ai classé le tout, trois piles, les cahiers, les livres et une collection […]
22 octobre 2019

Sans bougies à souffler

12 heures 30, BANG BANG, les vitres tremblent, face à nous, de l’autre côté de la rivière, quartier Belluges, un nuage de fumée s’échappe d’un toit. Nous sommes médusés, les bras ballants, le souffle coupé, le silence dans les rangs. Une maison prend feu. Consternation dans l’équipe, chacun se regarde avec cette petite lueur dans les pupilles qui ne ment pas, sentiment fort, puissant d’avoir pris très justement l’unique et bonne décision en ce jour de Templiers. Ne pas dépasser ce fil rouge invisible au-delà duquel vos pieds glissent dans le précipice, nous n’avons pas cédé. Une organisation, ce sont cent, mille petites et grandes décisions dans le cœur de l’action. En ce jour de Templiers, une seule, juste une seule fut prise, décisive, l’annulation. Au loin, la fumée se fait plus dense, on devine parfaitement un point rouge, les pompiers sont en action pour sauver cette habitation. En direct, c’est du Brut, les langues font la java, commentaires et bandes son en live. Pour autant, faut décoller le nez de la vitre, le temps presse, nous sommes sous pression pour recomposer l’équipe, une grande chaîne de solidarité, les fidèles des fidèles, des bénévoles d’un jour pour toujours, le bas de pantalons détrempés, les pommettes rougies, la mise en plis raplapla, la mèche collée, le moral dans les chaussettes, la barbe de deux jours qui n’arrange rien aux mines déconfites. J’interpelle Alain «mais Alain, on ne va pas enterrer les Templiers». Il a redressé son petit bout de nez, on […]