Vierzon

12 mars 2025

Une vie qui file à la vitesse d’une DS !

Un 18 et 19 février, un jour d’anniversaire et son lendemain à embrasser comme du bon pain les joues chaudes de celle qui partage ma vie depuis un demi-siècle, de près, de loin, jamais bien loin, sans zones d’ombre et sans recoins. Je n’ai jamais réussi à tutoyer celle qui ce 18 février allait fêter sa quatre-vingt dixième année. Je lui ai posée cette question « ce matin, en vous levant, qu’avez-vous pensé ? ». Elle me fixa de ses yeux bleus. Il n’y avait aucune larme, juste un petit scintillement, cette petite flamme d’espièglerie et de charme sagement dissimulée. Sa réponse lâchée d’une voix éraillée « j’aurai aimé que James soit là ». Ce 18 février, l’air était doux, un petit air de printemps guilleret et savoureux. Le salon, table et buffets se fleurissaient d’orchidées, de pensées, de jonquilles, de petits mots aimables et tendres et de cartes à déplier aux couleurs criardes. Le téléphone sonnait comme un vieux standard de la Samaritaine et le journal du jour titrait sur «Bourges – Sancerre», vénérable institution locale qui 50 ans plus tôt, encore lycéen, me nouait bien serrés les lacets pour ne plus quitter, à jamais, ce long chemin, ce long sillon de rêveries et de de flâneries à m’inventer un petit monde. Le 18 au soir et le 19 au matin, dans une lumière hésitante, je m’échappais pour rêver, pour flâner dans cette ville de Vierzon. Comme autrefois, dans Vierzon la rouge, Vierzon la coco, cette ville aux cicatrices […]
14 mars 2018

Jour de pêche en Berry

L’ouverture, c’est le nouvel an des pêcheurs. Un rituel sans chandelle pour les mordus qui font mordre à l’hameçon, pour les férus du barbeau, du gardon, de la tanche et du hotu. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il gèle, que les narcisses hésitent à sortir leur couronne d’or, que les pâquerettes guillerettes se frottent le nez dans la rosée du matin, c’est l’ouverture de la pêche. Au petit matin, le jour à peine naissant, l’asticot frétillant connait déjà son sort, les bouteilles de Mennetou, de Quincy, de Reuilly aussi. Elles seront vidées sur le coup des 11 heures lorsque le bouchon de liège vernis sera lassé des allers et venus, fainéant et immobile dans le clapot docile d’une eau verdâtre. L’ouverture de la pêche, ce n’est pas qu’une histoire de fritures et de « brason » à moitié vide, à moitié plein. Certes, on se lève aux aurores quand le chien dort encore. On mouille les bottes pour lancer le fil et l’hameçon sur le fond vaseux mais c’est d’abord une histoire de copains qui resserrent les rangs et les crans d’une amitié. Il y a le temps de la pêche, du goujon taquiné, de la truite qui se défend cambrée puis il y a le temps de la pêche aux histoires de chacun. Les verres se remplissent, le vin blanc est sec et fruité. Les histoires rebondissent. La retraite de Pierre, les vieilles douleurs de Paul, la CSG débattue, les vacances en camping car tant attendues et la cataracte qui fait de […]