MILLAU-VID «C’est vide comme le matin. C’est vide comme un matin qui dure. On se dit encore un matin pour rien. C’est impressionnant, c’est une ville qui s’éteint. Mais je crois en la sortie. On retrouvera le chemin de la vie» Ne chercher pas, ce ne sont pas les paroles chopées sur la scène du Club-Club, un bar de Pigalle, où les slamers aux « grands corps malade » déballent leur colère, leur vague à l’âme où leur amour perdu. J’ai face de moi, à deux tables de mon calepin, Hubert Henry, seul dans sa Brasserie. Dans cette immense salle de restaurant à la déco chic-rétro, en d’autre temps ce serait Happy Hours, aujourd’hui, malgré la crise, ce n’est pas pour autant soirée « Mauvaise Humeur ». Je lui lance des mots à la volée, il reprend en ligne de fond, en amorti : « le silence ? » « le silence, ça me rappelle quand j’étais seul sur le chantier en fin de journée, les portes fermées. « l’odeur ? » « c’est l’odeur d’un endroit confiné qui aurait besoin d’une ventilation L’agitation ? » « je le dis souvent, quand je suis derrière dans mon bureau, je sens que ça vie, que ça bouge, c’est intuitif, c’est comme une perception ». La Brasserie Le Bureau, c’est la tête de pont de l’Espace Capelle, la proue, l’étrave de cette immense barge commerciale. Depuis le vendredi 14 mars, Hubert Henry a jeté l’encre, le bateau à quai au pied de la Pouncho, les cordages tendues par-dessus la jetée, les nœuds de taquet bien serrés pour […]