Un jour d’haltères pour pépères

 

A soixante balais passés,

Normal d’en avoir bavé, d’en avoir brassé,

On a tous des douleurs, des petites misères,

On a tous des traversées du désert,

A crever des abcès, à essuyer bien des malheurs,

Râleur, piailleur, chialeur, miauleur.

En saison des pluies, on se barre à la sauvette,

Au printemps, on charge la musette,

Y a du bordel, alors on jure comme un boss du cartel,

Y a des médailles, des podiums, alors on joue les top models.

Ils sont en piste, dans le feu, dans le jeu, inquiets, ils font la moue,

Des pépés, gais, réservés, rasés au coup chou

Des gueules de Johnny, des gueules de vicomtes,

Des combattants de l’ombre, de la fonte,

Ils ont toujours la barre,

Pour des instants rares,

A faire la guerre avec le gras,

Merde, vieillir que c’est ingrat.

L’haltéro, c’est comme l’héro,

Ca vous prend au garrot,

La main sur le fer, les poignets ferrés,

Les pieds calés, les joues gonflées,

Dans la lumière d’un corridor,

A porter son poids à bras le corps, un record.

 

Rencontre à Decazeville (Aveyron) lors du championnat de France Masters d’Haltérophilie

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