Des bleus à l’âme en pensant à Tokyo

 

Coin bleu, coin rouge. Pour Sofia, c’est «je bouge, je bouge».

Plus que trente secondes. Grand carré blanc. Pour Sofia c’est «je boxe, je boxe» dans ce combat collé serré.

Le clap des dix secondes claque. Pour Sofia, c’est « je frappe, je frappe ».

Dix secondes, c’est que dalle, c’est déjà le coup de gong final.

Le temps d’enlever les gants et de choisir son rang.

Pour Sofia, sautillante et souriante, c’est « j’ai gagné, j’ai gagné ».

Le speaker porte le micro à ses lèvres, le verdict tombe, une hésitation, l’arbitre lève le bras gauche de…Mona.

Sonia s’effondre. Bras en croix. KO technique. Mona baisse les yeux.

Le ring se creuse en un puits insondable, Sofia est aspirée, elle répète «Mais pourquoi…Mais pourquoi ?»… «Deux fois, deux fois ?». Sa voix se voile, noyée par les sanglots «Pourquoi on m’a volée ?…Mais pourquoi on m’a volée ?».

Elle se dirige vers le coin bleu,  elle s’accroche aux cordes. Dernier salut, seule rampe au bord du vide. Elle crie «Mais pourquoi moi ? »  Elle crie «Je voulais cette victoire pour toi, pour mon papa».

 

Photographies réalisées le 16 février 2019 à Vigneux sur Seine (Essonne)  lors du championnat de France de boxe amateur féminin