Du vent dans les synapses

 

« Du vent dans les synapses »…la bonne fréquence…France Inter qui accroche les ondes…ça tombe bien. Dans la montée du Sonnac, petit vent doucereux, léger balancement de la canopée, temps gris, cumulus ventrus qui hésitent à nous pisser dessus, premières feuilles mortes virevoltantes.

Au micro de Daniel Fiévet, le biologiste Marc André Selosse est enjoué, un brin rieur, il ne s’embarrasse guère des mots qui accrochent l’oreille comme lorsqu’il précise dans une démonstration malgré tout savante « si vous mangez trop de fruits rouges, faut vous attendre à avoir la chiasse le lendemain ». C’est dit nature, sans fioriture.

Montée tranquille de cette côte en lacets, belle vue sur le Piédestal puis dans ce marbré de couleurs automnales les maisonnettes du hameau de Caylus. La croix du Sonnac marque l’entrée dans ce petit bois de pins coincé entre le centre équestre et cette vaste plaine livrée aux quatre vents. Le biologiste distille son savoir avec une belle décontraction, le thème du jour, les tanins, omniprésents dans la nature, dans notre vie quotidienne, dans notre assiette, dans nos tasses, à l’origine du goût et des odeurs. Il dit « c’est la nature qui se met à nu ».

Nous glissons vers la Tour, cette belle bâtisse noyée dans un îlot de verdure, le P33, porte d’entrée de la descente sur le village de Peyreleau. Beau chemin sablonneux, souple, c’est là que ça bombarde, c’est là que le jour délivre ses premières lueurs. « C’est la nature qui se met à nu » cette phrase !!!…c’est finalement un beau refrain à fredonner en s’engageant dans ce sentier rafistolé, modelé, assaini surplombant la vallée du Tarn. Sur chacun des éperons, tout en balcon, nous distinguons librement les villages de Mostuéjouls, de Liaucous, à droite le pont du Rozier, Capluc et sa croix blanche. Les eaux du Tarn sont vertes, luisantes, nonchalantes. Les bruits montent jusqu’à nous « tiens ça c’est une 500, putain le gars, il envoie ».

Les tanins sont partout, Marc André Selosse l’a martelé comme pour nous mettre en éveil. Certaines de ses phrases reviennent en écho tout en marchant dans cette allée bordée de buis «c’est comme une voûte céleste, ça explose». Nous stoppons quelques instants, nous posons nos sacs lourdement chargés, dernière opération de « caillouterie » pour changer quelques rondins rongés par l’humidité et la vermine. Sur les bas côtés, une belle mousse d’un vert prenant s’accroche à l’écorce des buis «la nature mise à nu».

Au dessus de nous, une lignée de vautours vient nous saluer, en stationnaire, à notre perpendiculaire. « Les Templiers, une cathédrale volatile », c’est perceptible, le nez au vent, lorsque l’on s’imprègne chemin faisant, chemin courant, de ces odeurs puissantes et jaillissantes. Est-ce le tanin des Templiers ?