Ce soir, je l’avoue, je suis allé au Pompidou,
J’suis arrivé tard, dans une lumière chien loup.
Devant moi, des herbes sèches et chancelantes jusqu’aux genoux,
J’étais là pour me vider les poches et jeter des cailloux.
Au Pompidou, le monde n’a pas de toit, quelle plus-value,
Tu peux chercher, tu peux fouiller y’a pas de portes non plus.
Y’a pas de plafond, rien…Le ciel, c’est comme un lagon,
Tu plonges sans harpon, tu peux narguer tous les hameçons.
Tu ne crains rien, le Pompidou, c’est une descente de lit,
Y’a bien des chardons, cendrier ébréché, échoué sur ce parquet mal dépoli.
Tu ne sens rien, la nuit se dépose, poreuse, peureuse, en papier buvard,
Sans abeilles pour jouer les lunes de miel, tu peux tout dire, il n’est jamais trop tard.
La trotteuse se balade, il est déjà minuit moins le quart.
Les ombres sont cafards, les mots sont bavards.
Une seule nuit suffit au jour du lendemain,
Y’a pas besoin d’aller plus loin, tu peux te sentir bien.
T’es sûre d’aller plus loin ? Y’a pas de tremplin, Laumet c’est loin,
J’ai pas de briquet, tout se ressemble, je serre les poings.
Dans les buis, y’a d’vieux fours à charbon de bois, je sais, on peut s’y retrancher,
On peut tout imaginer, toi et moi dans ces grands cerceaux de fer rouillé.
Je colle à tes reflets, ton collier de paillettes, des micas de pacotille,
Sans retour sur soi, nuit docile, c’est bien assez pour trouver l’écoutille.
Ce carré de lumière, ce point de mire sur la Boffi et sa bonne mine de vaurien,
Qu’avais-je à craindre, on est enfin demain, le dernier jour d’avant, ça fait du bien.