Dans cette forêt luxuriante, terra incognita, je me suis laissé aspiré, écartant de mes mains déployées lianes géantes charnues et papillons flamboyants velus, évitant ici et là tubercules protéiformes et serpents déliés pour t’enserrer et de fagoter, me guidant dans la pénombre, d’arbres en arbres aux troncs ventripotents derrière lesquels je retrouvais enfin, à la lisière, dans un puits de lumière, Lili et ses amis, reine de la jungle et ses companeros. Ainsi étais-je arrivé sans morsures, ni griffures, dans ce vaste territoire, dans ce champ musical miraculeux des FÜLÜ, furieux electro brass band. Sept musicos déchaînés et enchanteurs des corps s’aventurant en pareille terre fertile où les rythmes puissants fusent comme ces odeurs enivrantes bombardant cette forêt imaginaire. Tu te saoules la gueule, tu t’infuses les veines à prendre le choc de cette transe cuivrée, de cette poésie chantée – parlée d’une Lili tenant son carnet intime comme un manifeste pour le sauvage, l’esprit libre, les corps libérés. FÜLÜ, c’est l’esprit gang, prise d’otage pour suivre ce band dans leur grand carnaval. Prêt à porter soi-même un masque bricolé d’un trois fois rien, pour très vite le jeter au feu et plonger dans le premier fleuve venu… Pour sentir la caresse des eaux froides… Pour dériver sur des rivages apaisés… Pour s’allonger sur un banc de sable blond… Pour admirer la voûte céleste nous chatouillant le nez… Les «frangins» du groupe congolais Fulu Miziki seraient les invités surprises pour une nuit sans fin… Pour célébrer, dans une farandole fraternelle, […]