Benoit Lejeune

22 avril 2020

L’épée de Damoclès, à jamais dans son fourreau

  MILLAU – VID   Le Sot ne se distingue pas vraiment de la petite route reliant Montredon à Pierrefiche. Prudence pour celui qui ne fréquente pas régulièrement ce coin de Larzac qui se déroule comme un grand drap de velours dans la plaine de Pierrefiche pour s’interrompre brutalement en cascade, dans un chaos de plis, de ravines et fissures couturées, dans l’impétueuse Dourbie. Il faut surveiller attentivement chacun des quatre embranchements reliant fermes et hameaux isolés, le Mas Razal et son petit panneau en bois, puis les carrefours des Mares, de Cavaliès et de La Resse. Et si vous tombez sur votre gauche, sur le calvaire de la plaine, le demi-tour s’impose, le Sot, c’est juste dans votre dos.   La piste est poussiéreuse, il faut rouler au pas. Passé un petit dolmen guère plus gros qu’un camembert avachi, premier poulailler, des gallinacées en vadrouille, ça grouille, ce n’est pas Sigean, c’est apaisant. Au loin, de puissants cumulus moutonnent et s’accouplent sans vergogne dans un ciel d’un bleu pur, sans rature. Je cogne à la porte, je suis donc au Sot chez Françoise Maurand et Benoit Lejeune, éleveurs de volailles bio.   J’étais attendu comme on accueille le pèlerin trempé et transis, les lèvres gercées en méharée sur ce GR 71, ce chemin noir traversant la propriété, autour d’une table, d’un verre, du chaud, du froid et d’un beau bouquet composé d’une simple branche coupée d’un arbre fruitier.   Françoise s’est assise à ma gauche, les jambes croisées, le […]