Camping éphémère, en pleine terre, le camp des crosseux, c’est un jardin sans allées ni enclos, au milieu des broussailles, sans épouvantails. Anarchique et bordélique. Sans permis de construire, juste le droit d’y courir et de discourir. Avec ses collines de sacs, ses montagnettes de survets. Un Décathlon à ciel ouvert et ses Quechua gonflées, arrimés, alignées, sardines contre sardines. Sans eau, sans lavabo, sans pissotière, juste un buisson, un tronc, pour pisser là où l’on peut pour se vider le pneu. Au camping des crosseux, même en banlieue, on passe un dimanche à la campagne, bottes aux pieds s’il le faut. On mange le cul par terre, frites, merguez et coca, cakes, ships et Haribo pour soigner les p’tits bobos. On s’échauffe, plein champ, pleine terre, là où on veut, là où on peut. Une allée, une contre allée, bon sang qu’on se sent mou, on n’est pas là pour faire joujou. Putain, j’me sens bien, au moins, j’vais pas jouer les bouche-trous. Au camping des crosseux, il y a le clan des p’tits et des puissants. Pas besoin de cadastre, faut juste compter ses pas. Deux mètres carrés au sol pour une Quechua qui se déplie en un seul claquement de doigts, ça c’est un petit club et ses deux trois qualifiés guère plus. Un barnum de seize mètres carrés, ça c’est un gros club. Ca compte les points, les places, ça sent le France à plein nez comme une bonne odeur de fumier. Avec ses leaders, […]