église Saint Michel

3 décembre 2019

J’ai signé d’une grande croix

« Il est rappelé que l’entrée est strictement réservée aux véhicules des personnes handicapées ». Le panneau n’a pas bougé encore ferré sur ces quatre rivets. La grille était ouverte, je suis rentré. Silence monacal, ciel chargé, vol de pigeons en rafales. Herbe grasse, pissenlits charnus, allée détrempée, je suis monté sur un petit talus. Sans salut, ni connu, peut être craignais je d’être vu ? Je me suis perché sur ce qu’il reste d’un beau muret couvert d’une mousse épaisse. Sous mes pieds, des tonnes de gravas, le grand fracas, des tonnes de briques concassées, déchiquetées, des tonnes de planches brunes à construire mille abris de fortune. Face à moi, la chapelle St Michel, murs éventrés, trous béants comme des abcès purulents…j’ai subitement repensé à Sarajevo, la fin du siège, les façades criblées d’impacts, les fenêtres muettes offertes aux vents maudits dévalant du Mont Igman, ces petits vendeurs accroupis, l’air maudit, au pied du marché Markale encore détruit par les tirs d’obus. Et puis ces églises aux clochers pointus, pillées, déchiquetées sous le feu des roquettes…. Je suis passé devant un banc. Combien d’hommes, de femmes en fin de vie, ont pensé, assis là, les deux mains sur les genoux, les yeux loin de tout, au dernier lendemain sans rien. J’ai escaladé un vieux tronc gisant au sol. Au loin, par delà les gravas, j’ai vu l’autel toujours sur son socle…je me suis avancé…je suis rentré dans cette nef aux murs blancs, vaste navire échoué, fragile carcasse ouverte sur […]