« Ma fille, tu finiras comme une vieille couille de chat. Voilà ce que me disait ma mère ». A l’âge de six ans, Lydia ramasse déjà les chats errants, chats de gouttière, chats en misère, en longeant le ruisseau, sur le chemin de l’école. Lorsqu’elle franchit le seuil de la porte, elle connaît le refrain, sa mère hurlant « ça suffit ma fille ». Lydia était née pour ronronner avec des chats « c’était mon destin ». Elle cite le proverbe « ce que femme veut, Dieu le veut » pour raconter comment elle prend dans ses bras son premier chat de concours, un persan lors d’une exposition à Bordeaux « mon mari ne voulait pas. Il m’avait confisqué le carnet de chèque ». Devant la cage et le matou aux poils longs, le mari agite le carnet de chèque « tu ne l’auras pas, tu ne l’auras pas ». Lydia ajoute « ils sont parfois couillons les hommes » et son chat en clandestin, arrive en douce, sur son couffin, par le train. Le mari, il s’est résigné. Il n’a pas eu le choix. Le jour de son mariage, il fut prévenu « je pars sur la côte Adriatique acheter un reproducteur. Mais je pars seule». Aujourd’hui, la maman de Lydia a 88 ans. Elle aussi ne lutte plus contre une évidence. Elle vit médicalisée sous le toit de sa fille. Elle ne crie plus « ça suffit ». Reportage réalisé le 14 janvier 2018 à Paris lors du Animals Show