Je ne suis pas né au Viala du Pas de Jaux. Dans le petit cimetière à main droite lorsque l’on arrive au village, je n’ai aucun descendant allongé pour l’éternité sous une dalle de marbre et je n’y ai jamais passé mes vacances de gamin chez un lointain tonton bourru à dormir sous de gros édredons et à courser le coq et le jars au risque de se faire mordre les mollets ! Mais pourtant, j’ai une affection particulière pour ce petit bourg médiéval comptant moins de cent âmes. Peut être me rappelle-t-il là où j’ai grandi ? Les mêmes petites maisons collées sans grandes commodités, avec leurs petites vérandas aux vitres brisées, leurs jardinets où des lignes de poireaux gagnent chaque année une nouvelle bataille face aux morsures d’un hiver jouant les prolongations, froid, humide et suintant. Ce samedi, j’ai repris la route pour une traversée solitaire du Larzac, ne croisant que quelques chasseurs rentrant au bercail, dans le coffre, des chiens congelés par un vent du Nord ébouriffant les épouvantails à corbeaux. Dans le village, j’étais sans doute trop en avance, vu le peu de voitures garées, j’ai douté que le concert programmé soit maintenu. A l’affiche, deux musiciens de jazz confirmés, Tom Gareil au vibraphone et le batteur Jérôme Antonuccio pour un set d’une heure d’improvisation programmé par « Culture Soudée ». J’avalais rapido pour me réchauffer les quelques marches puis l’escalier en bois conduisant à l’étage dans une belle salle de cette tour hospitalière, murs égayés pour la circonstance, tentures […]