En contrebas de Candas, le Tarn fait son caprice. Comme s’il cherchait à rentrer dans le chas d’une aiguille s’enroulant sur ce coteau, à faire mumuse avec la nature, aspirant au passage les eaux de la Muze. Puis il accélère, joli train de vagues, attention au drossage puis arrive aussitôt l’ancienne passerelle bouléguée, brassée au fond des eaux un jour de crue mordante et décapante. Dernière écume, derniers caprices, derniers spasmes, au sortir de ces blocs de ciment concassés, le Tarn prend enfin le temps de la lenteur. Les eaux se lissent, le temps de savourer, le temps de la glisse, les Raspes sont proches. La rivière perd de sa malice, une respiration, un sillage, des odeurs, celle des peupliers et de la reine des prés. Sur la droite, on distingue entre deux cyprès un petit cabanon carré. Le toit est en tuiles roses vermoulues surmonté d’une faîtière émaillée, de celles qui sortaient autrefois des fours de Raujolle. Lorsque je navigue sur le Tarn, j’ai toujours une pensée pour Jo Vors, il était propriétaire de cette petite masure aux allures de maison de poupée. Son petit Trianon, son petit nous deux, sa petite évasion. Jo Vors, fut l’un des tous premiers organisateurs à chausser les grandes semelles de la course chapitrée populaire selon la devise »on court, on boit, on mange». Avec sa grosse bouille et bajoues à la Michel Simon, avec sa carrure de charcutier aux avant bras musclés et sa gouaille de président du Tribunal des […]