Kondoa

1 janvier 2018

Kondoa, c’est fragile comme de la faïence

Habillée d’une petite jupe plissée, D’un chemisier blanc cassé, A marcher sur le fil tendu de son destin, Dans le dos, mains croisées, regard profond, apeuré, enfantin, Failuna, guère plus haute qu’une longe de manioc, En course pour gagner une breloque, une poule, un coq, Pour la première, une enveloppe blanche, 30 dollars, une pincée de vieux billets poisseux, premier passeport en zone franche, Une scolarité promise en poche, C’est mieux que de gratter le manioc à la pioche, Pour quitter son village, les préjugés, la fatalité, les superstitions, Partir, partir, fuir, fuir, sous haute tension, Ce carré ensablé, dépouillé, asséché, Kondoa, ces masaïs désœuvrés,  Ces bars à bière pour gueules assèchées, Ces minarets, ces chapelles qui ne soignent aucune brèche, Failuna en partance, avec méfiance, dans la voyance, C’est si fragile, comme de la faïence.   L’organisation des Templiers a financé plusieurs années la scolarité de Failuna Abdi qui par la suite est devenue internationale de course à pied (31’47’’37 sur 10 000 m en 2017, 16ème au Mondial de Cross de Kampala en 2017).   Reportage réalisé à Arusha et Kondoa (Tanzanie)