L’Aloko restaurant

23 mars 2025

Phil Derest, la panthère d’un soir !

« Arrêt au stand, arrêt au stand, il était temps de se poser », Phil Derest a posé ses deux grattes, une sèche, une électrique sur le mur de fond de la petite scène de l’Aloko. L’homme est mince comme un fil, taillé à la Jaeger, la toute fraiche soixantaine accrochée au col de sa veste de cuir que le rocker porte comme un passeport pour l’éternité. Millau est sous l’eau, l’oiseau d’une nuit détrempée est en mode sauvetage dans cette petite alcôve. Il le dit, il l’affirme, il le chante « j’aime la route », la route râleuse du blues, la route râpeuse du rock, les mots découpés, les syllabes ajustées, la voix aux accents parfois indiscutablement « Bashungnien » qu’il revendique sans esquive « Bashung, il était rock, il était blues « . Il aime les caisses américaines brûlant du 30 litres au cent, le Jack Daniel dévorant les gosiers toujours secs, la route, toujours la route, pour relier ces rades d’un soir « perdu dans sa « jungle ». Y’a du Detroit, y’à du Sochaux -Montbéliard son pays à lui. Y’à du Plat Pays lorsqu’il chante du Brel, ça donne envie de se faire la belle. Y’à des trottoirs vides, des croix alignées, du métal brûlant, des chiens hurlants. Ca sent le bleu de travail, ça sent la ferraille, la limaille et la graisse des machines outils. Y’a des mégots froids, y’a des cendriers pleins, alignés sur des comptoirs d’un soir. Y’a des « verres et des mots » […]
12 mars 2025

Manolo à l’Aloko, entre rêverie et ivresse bienfaisante !

Entre ici et ailleurs, deux points…Une ligne droite tendue entre deux mondes comme les cordes de cette Kora fidèle compagne ventrue que Manolo caresse de ses doigts déliés pour éveiller les sens cachés de cette bienaimée. Deux balises pour accomplir ce grand voyage musical, parlé, chanté, entre ce « petit pays », sa Bourgogne natale et l’Afrique Sahélienne, visa en poche pour conquérir plus loin, montagnes, forêts denses et mangroves à percer les mystères du bambara, du dioula, du malinka et leur alphabet N’ko. Manolo ne s’en cache pas « j’ai bien tenté de chanter en mandingue mais j’ai dû renoncer. C’était de la bouillie, alors j’ai inventé mon propre langage ». Entre son port d’attache natal et ces contrées secouées par le djihadisme, cet artiste conteur s’offre des escales d’un soir, comme ce vendredi sur cette petite scène de l’Aloko, drapé de noir devant une trentaine de convives dégustant le mafé, obligé ! A ses pieds, sa kamele ngoni, sa maîtresse attitrée, celle qu’il cale entre ses deux genoux pour que ses histoires chantées s’accrochent à la douce et pétillante harmonie de cette harpe africaine. Paroles de cordes pincées, paroles de souffle mesuré, Manolo joue l’homme-orchestre d’autrefois, musicien ambulant entre flûte peul, guitare sèche et didgeridoo, one man band qui parfois revient à sa langue natale pour intercaler du Brel lorsqu’il interprète « ces gens-là », l’histoire ténébreuse d’un amour inaccessible. Mais lorsqu’il revient à son « bora » écriture imaginaire d’un phrasé posé du conteur affirmé, Manolo invite […]