L’Aloko restaurant

13 mai 2025
Bouba en concert à l'Aloko Millau

BOUBA, la musique est un langage universel !

L’émission s’intitulait « Quand un zoulou aime sa doudou ». Ma doudou derrière la vitre, les doigts pincés sur la tranche des vinyles prêts à être posés sur la platine, moi les lèvres posées sur le grain du micro, mes petits textes noircis sur une feuille blanche posée sous mon nez dans l’attente d’être lus. Des petites histoires écrites à ma façon, le regard posé aussi bien sur un Fela Kuti le libertaire «Black President» de Lagos que sur l’anti impérialiste et putchiste Thomas Sankara pour plonger sans honte dans le sirop langoureux d’une rumba Zaïroise roucoulante. C’était au temps béni des radios libres, 40 ans déjà, ou chacun, chacune arrivait avec une brassée de disques sous le bras pour partager à sa façon une passion. Je ne sais pas si j’étais légitime pour animer une telle émission, les débats enflammés tenus aujourd’hui par les Indigènes de la République n’existaient pas mais nos convictions anti-racistes étaient néanmoins plus que sincères et affirmées. Dans un Millau plongeant dans l’obscurité et rendu libre aux chats noirs, en franchissant la porte de l’Aloko, ces souvenirs m’ont submergé. Nostalgie de ces émissions, nostalgie de ces soirées électriques de Brazzaville et de Kinshasa, les fêtes du Printemps à Soweto, les petits clubs de Harare… Très curieusement, le concert de Bouba Ndiaye programmé ce vendredi, était pour moi un retour en terre musicale africaine. Dernier concert en date, février 2012, à Eldoret au Kenya devant un plat de frites et un steak semelle de cheval, attablé […]
13 mai 2025
Chat Man sans son Vaux Doux

CHAT MAN sans son VEAU DOUX

J’ai eu un petit doute en découvrant l’affiche minimaliste de «Chat Man et Veau Doux» scotchée sur la vitrine de l’Aloko. J’ai pensé idiotement « tiens !!! Michel et Augustin, les « trublions du goût » lâchent la yaourtière pour se lancer dans la chansonnette». Mais lorsque Ludho et son comparse d’un soir se sont installés cote à cote derrière une rangée de platines, tables de mixage et synthés, de toute évidence la soirée chanson française initialement prévue avec reprises enflammées de tubes, allait connaître une autre tournure version techno virant house. Une autre ambiance, le «chat man» aux ongles vernis étirant les sons comme un siamois sortant de sa tanière pour une soirée enfin presque estivale, c’était à prendre et à écouter ! Voir plus pour les corps déliés ! Photographies prises à l’Aloko Restaurant – Millau le 26 avril 2025 lors du concert de Chat Man sans son Veau Doux mais avec Small Ewok Greg aux platines
1 avril 2025

MARIUS WELKER en Docteur Sax l’anti-déprime d’une vendredi night fever !

Tu viens avec un bon lumbago, t’as des soucis plein le dos… Tu viens avec un bon rhume, t’as le cerveau plongé dans un aquarium… Tu viens avec un bon mal de crane, t’as la tête coincée sous une soutane… Tu viens avec un bon coup de déprime, t’en à marre des amours par intérim… Docteur Sax est le toubib de circonstance. Attention, il ne reçoit jamais en urgence et ne comptes pas obtenir une ordonnance pour une quelconque prescription. Sur sa porte d’entrée, pas de plaque dorée, sur son bureau pas de tensiomètre. Pourtant, tu le constateras aussitôt, la tension sera très vite à son max lorsque ce toubib des sons et des pulsations empoignera le manche de son sax. Devant lui, tu arriveras certes les deux mains planquées au fond des poches à tripoter quelques pièces pour te calmer mais sans attendre un quelconque verdict, ton pied droit tapera la mesure bam bam bam. Le regard fixé sur le halo de lumière enveloppant ce sorcier du synthé, tu commenceras à onduler puis à te tortiller, les hanches décomplexées, les mains libérées de tes poches. A transpirer, à tout oublier… Oublié le lumbagoooo… Oublié le rhummmmme… Oublié le mal de crâââââne… Oublié le coup de déprimmmme… Tu es déjà sous dépendance d’un remède fulgurant, la musique de Marius Welker alias Docteur Sax agissant avec puissance. Que ce saxophoniste entouré de trois sax posés à ses pieds, alto, baryton et ténor comme des trophées d’or, soit dans l’impro totale et […]
23 mars 2025

Phil Derest, la panthère d’un soir !

« Arrêt au stand, arrêt au stand, il était temps de se poser », Phil Derest a posé ses deux grattes, une sèche, une électrique sur le mur de fond de la petite scène de l’Aloko. L’homme est mince comme un fil, taillé à la Jaeger, la toute fraiche soixantaine accrochée au col de sa veste de cuir que le rocker porte comme un passeport pour l’éternité. Millau est sous l’eau, l’oiseau d’une nuit détrempée est en mode sauvetage dans cette petite alcôve. Il le dit, il l’affirme, il le chante « j’aime la route », la route râleuse du blues, la route râpeuse du rock, les mots découpés, les syllabes ajustées, la voix aux accents parfois indiscutablement « Bashungnien » qu’il revendique sans esquive « Bashung, il était rock, il était blues « . Il aime les caisses américaines brûlant du 30 litres au cent, le Jack Daniel dévorant les gosiers toujours secs, la route, toujours la route, pour relier ces rades d’un soir « perdu dans sa « jungle ». Y’a du Detroit, y’à du Sochaux -Montbéliard son pays à lui. Y’à du Plat Pays lorsqu’il chante du Brel, ça donne envie de se faire la belle. Y’à des trottoirs vides, des croix alignées, du métal brûlant, des chiens hurlants. Ca sent le bleu de travail, ça sent la ferraille, la limaille et la graisse des machines outils. Y’a des mégots froids, y’a des cendriers pleins, alignés sur des comptoirs d’un soir. Y’a des « verres et des mots » […]
12 mars 2025

Manolo à l’Aloko, entre rêverie et ivresse bienfaisante !

Entre ici et ailleurs, deux points…Une ligne droite tendue entre deux mondes comme les cordes de cette Kora fidèle compagne ventrue que Manolo caresse de ses doigts déliés pour éveiller les sens cachés de cette bienaimée. Deux balises pour accomplir ce grand voyage musical, parlé, chanté, entre ce « petit pays », sa Bourgogne natale et l’Afrique Sahélienne, visa en poche pour conquérir plus loin, montagnes, forêts denses et mangroves à percer les mystères du bambara, du dioula, du malinka et leur alphabet N’ko. Manolo ne s’en cache pas « j’ai bien tenté de chanter en mandingue mais j’ai dû renoncer. C’était de la bouillie, alors j’ai inventé mon propre langage ». Entre son port d’attache natal et ces contrées secouées par le djihadisme, cet artiste conteur s’offre des escales d’un soir, comme ce vendredi sur cette petite scène de l’Aloko, drapé de noir devant une trentaine de convives dégustant le mafé, obligé ! A ses pieds, sa kamele ngoni, sa maîtresse attitrée, celle qu’il cale entre ses deux genoux pour que ses histoires chantées s’accrochent à la douce et pétillante harmonie de cette harpe africaine. Paroles de cordes pincées, paroles de souffle mesuré, Manolo joue l’homme-orchestre d’autrefois, musicien ambulant entre flûte peul, guitare sèche et didgeridoo, one man band qui parfois revient à sa langue natale pour intercaler du Brel lorsqu’il interprète « ces gens-là », l’histoire ténébreuse d’un amour inaccessible. Mais lorsqu’il revient à son « bora » écriture imaginaire d’un phrasé posé du conteur affirmé, Manolo invite […]