Un quatre fois cent mètres toutes les deux minutes, un quatre fois quatre toutes les cinq minutes. Quinze juges se partagent dans un calme d’esquimaux la répartition des rôles. Pas un ordre, pas un cri. Pas même une invective. Alors que des vagues successives de lycéens et de collégiens s’échauffent, se mettent en tenue dans le froid et attendent l’instant de toucher le bâton dans un espace grand comme un fond de tiroir. Un officiel s’évertue à leur dire : « bougez, bougez » pour lutter contre une température à ne pas mettre un sprinter en body. Plus loin, au-delà des grilles, on s’entraîne par petits groupes. Dans la rue, le long des bus, dans les squares sur dix mètres de pelouse, on répète le même mouvement cadencé. Une main qui se tend, une main qui attend et un cri d’appel : « stick ». D’autres groupes en ont déjà fini de leur relais. Eliminés., ils traînent entre les stands, les marchands de drapeaux, de k7 de hip hop piratées, les stands de bouffe jamaïcaine et la belle GMC Envoy de Marion Jones où un représentant brillant comme un ver luisant affirme devant son pupitre que : « Oui, Marion viendra bien à Philly avec ce même modèle ». C’est la fête. La fête de l’athlé, la fête du relais. Drôle de paradoxe dans un pays qui a mal à son athlé même s’il compte dans ses rangs les sprinters et sauteurs les plus prestigieux de la planète. Un plan de secours a même été […]