rue de Ménilmontant

27 décembre 2019

Les couleurs de Belleville

  JUST GO WITH MY PINCE A VELO   Aujourd’hui, ma fille a 20 ans. 20 ans, c’est l’âge de tourner en rond ou de grimper des éperons. 20 ans, c’est l’âge de gueuler ou d’se résigner. 20 ans, c’est l’âge des grandes vadrouilles, des grandes illusions, de la débrouille. Pour se trouver, se prouver, de définir, agir. A 20 ans, ya plus besoin de bougies, de repas aux sushis, ni de parfum au patchouli. Je lui dis «allez viens, je t’invite à Belleville». Elle me répond «Belleville, mais c’est bidon» J’ai pensé « ouf, j’ai échappé à « OK Boomer ». Je la taquine « tu veux qu’j’ te chante du Souchon «j’suis bidon» ? Elle me tape sur l’épaule «ok, j’oublie les talons hauts, je vais jouer le p’tit oiseau». Manteau sur le dos, nous avalons les quatre étages en rigolant, en sprintant. Premier en bas, je me retourne « alors le papy boomer, il est bidon ?». Dehors, pas de bus, des Uber englués, étranglés. Pas de Vélib, je lui dis « à nous Belleville, à pince, on va faire les urban sapiens». Première impression, de si bon matin, des Deliveroo en maraude, sans pince à vélo. Plus loin, à l’angle d’une rue, sous une enseigne jaune, une porte ouverte, un local aux murs blancs, des livreurs Fritchi, assis sur leur cadre de vélo, petit peuple, sans phare éclairant, sur le petit plateau de la malbouffe connectée. Ca parle wolof. Ils se caillent les os.  Je pense «Pauvre de nous». J’ai envie de fredonner le […]