Severac le Château

23 janvier 2020

Ca vaut bien un verre de vin chaud !

  Je me souviens des frères Spanghero surtout Walter, Walter le laboureur, le déménageur, «l’homme de fer», immense mégalithe, virtuose au corps de granit. Je me souviens également des frères Camberabero, surtout Guy, le «Lutin de La Voulte», un fin limier, petit poucet aux pieds d’or pour transformer l’ovale en trésor. Mais je l’avoue en dehors de cela, les années empilées sur une aiguille à tricoter, ma culture rugbystique est toujours aussi plate qu’un vieux tube de pommade camphrée vidé sur des muscles ankylosés. Je suis donc parti à Séverac le Château avec pour seuls provisions ces deux noms qui ont toqué à la porte de mon enfance, les jours de Tournoi des Cinq Nations. Je me souviens, juste un volet tiré sur ce passé, lorsqu’une pénalité était sifflée, quelque soit le camp, celui du Coq, du Trèfle ou de la Rose, j’allais me cacher dans la chambre de mes parents. Je fermais les yeux, je me bouchais les oreilles, je comptais jusqu’à 100 et je revenais m’assoire devant le petit écran. Heureux ou malheureux ? Je gardais toujours quelques carrés de chocolat au cas où pour adoucir les échecs, je n’étais pas si malheureux que cela ! Séverac le Château joue au stade de la Cartonnerie bordé d’une traditionnelle rangée de peupliers, le camping municipal en contrebas, quelques pavillons bâtis aux premières loges et le château médiéval, la fierté du village, posé sur son trône, vestige préservé en tour de vigie sur son talus aux angles aigus. J’ai payé […]
12 janvier 2018

Le train d’Aubrac ne siffle qu’une fois

Un ciel à ne pas décrocher la grande ourse. Un ciel à n’espérer ni caresses, ni tendresse, un ciel de tristesse. Les bons vœux, c’est souvent de la foutaise, une pluie chagrin ruisselait à éteindre guirlandes et sapins, Au-delà des rails, des premiers toits, des trous de lumière, d’un jaune cantine, Pas de quoi se mettre à table, pas de quoi se marrer, se desaper. Au pire, picoler, pour ne pas craindre la nuit, les cafards et l’ennui. Le 7514 est arrivé. 17h55, nom d’un chien, pile à l’heure. Deux phares bas, rasant le ballaste, mitant la nuit. Deux arcs de lumière se frayant un couloir le long des rails, Une petite dame est descendue, le contrôleur s’est penché, un pied sur le marche pied. Je savais déjà tout sur elle. Qu’elle revenait du Cantal, que la retraite, c’était pour bientôt. Pour souffler le mot fin, enfin. Son mari, son compagnon, je n’ai pas su, l’attendait, tirant sur un mégot plus court qu’un dé à coudre. Un costaud, barbu, trapu, pas vraiment bourru. Seul, sur ce quai, à griller sa clope, se méfiant de la pluie, guère de l’intrus que j’étais. A parler de la paille de seigle « cent euros la botte ». Il est rempailleur à ses heures dans les Monts de Lacaune « l’hiver, ça occupe ». L’homme s’est penché, ils se sont embrassés. Comme un frère et une sœur. Sur les deux joues. Il lui a pris un baluchon, elle s’est redressée.  Le train n’a pas sifflé. St Rome de […]