Boxe féminine

26 avril 2019

Coup de gong pour Ladies on the ring

  Elle était appuyée, debout, le dos au mur, son visage se reflétant dans un petit miroir carré, placé là, sans vraiment savoir pourquoi. «C’est mon deuxième combat» dit-elle intimidée. Je ne lui ai pas souhaitée bonne chance de crainte d’amplifier les doutes, les peurs et la superstition. Puis elle est allée s’asseoir sur une chaise, seule à l’écart du ring, les deux mains sur les genoux, le regard dans le vide. Dans l’attente de mettre les gants et d’ajuster le casque. A l’énoncé de son nom, elle s’est levée pour rejoindre le coin bleu. Deux poings bleus, casque bleu, elle s’est glissée entre les cordes. Elle salua son adversaire, elle s’est reculée et sans même le temps de plisser les yeux, une pluie de coups est tombée, des une – deux en batterie, en rafale, brutal. Le round a duré plus qu’il ne fallait. Une serviette a volé au centre du ring pour abréger ce mitraillage en règle. Il était temps. Elle est sortie du ring. Au pied de l’escalier, elle s’est tenue droite et muette devant l’entraîneur comme une communiante qui aurait fauté. Celui-ci a eu ces mots « c’est ça la boxe ».   Photographies réalisées à Montpellier, gymnase Lachenal, lors du Ladies Boxing Tour le samedi 20 avril 2019
17 avril 2019

Ceintures d’or à Argenteuil

Toni s’est passé les mains dans son épaisse chevelure puis hésitant il demanda « Vous pourriez me rendre un service ? Si vous pouviez aller m’acheter du gel ? » Au bord du ring, le micro à la main, Le speaker était déjà tiré à 4 épingles ainsi que juges et arbitres en chemises blanches bien repassées et noeuds papillon noirs pas trop mal ajustés. La fatigue pouvait se lire sans miroir grossissant sur le visage de Toni Salvatore, l’organisateur des Ceintures, déjà sur le front depuis plusieurs jours pour monter une telle organisation dans son fief d’Argenteuil. La fin d’un cycle marathon après avoir mis sur pied la Coupe du Val d’Oise pour populariser la boxe dans ce département. Les Ceintures, c’est selon les spécialistes, le grand tournoi de l’année dans le milieu de la boxe anglaise. Toni formé à Asnières par Monsieur Vanic puis au COMA par Prosper  Dranguet, était dans l’équipe de départ, il y a 15 ans déjà. Il est toujours là, à proposer chaque printemps un plateau raisonné, équilibré pour que le noble art puisse s’exprimer certes avec combativité mais avec fair play et respect de l’adversaire, de l’arbitre et des juges. Les cheveux enfin brossés, Toni enfila sa veste de costume, il se pencha entre les cordes pour rejoindre au centre du ring le speaker droit comme un réverbère. Dans ce carré bleu, il prenait le micro « Je suis désolé, je n’aime pas trop m’exprimer ». La boxe, ce n’est pas un sport de mots mais de […]
12 mars 2019

Jeu de mains, coups de poings à Houdain

  Photographies réalisées les 9 et 10 mars à Houdain (Hauts de France) à l’occasion des 1/4 et 1/2 finales du championnat de France de boxe féminine cadettes et juniors
19 février 2019

Des bleus à l’âme en pensant à Tokyo

  Coin bleu, coin rouge. Pour Sofia, c’est «je bouge, je bouge». Plus que trente secondes. Grand carré blanc. Pour Sofia c’est «je boxe, je boxe» dans ce combat collé serré. Le clap des dix secondes claque. Pour Sofia, c’est « je frappe, je frappe ». Dix secondes, c’est que dalle, c’est déjà le coup de gong final. Le temps d’enlever les gants et de choisir son rang. Pour Sofia, sautillante et souriante, c’est « j’ai gagné, j’ai gagné ». Le speaker porte le micro à ses lèvres, le verdict tombe, une hésitation, l’arbitre lève le bras gauche de…Mona. Sonia s’effondre. Bras en croix. KO technique. Mona baisse les yeux. Le ring se creuse en un puits insondable, Sofia est aspirée, elle répète «Mais pourquoi…Mais pourquoi ?»… «Deux fois, deux fois ?». Sa voix se voile, noyée par les sanglots «Pourquoi on m’a volée ?…Mais pourquoi on m’a volée ?». Elle se dirige vers le coin bleu,  elle s’accroche aux cordes. Dernier salut, seule rampe au bord du vide. Elle crie «Mais pourquoi moi ? »  Elle crie «Je voulais cette victoire pour toi, pour mon papa».   Photographies réalisées le 16 février 2019 à Vigneux sur Seine (Essonne)  lors du championnat de France de boxe amateur féminin
12 février 2019

La valse de l’esquive

Il faut toujours des pionnières, des aventurières pour chasser d’un revers les idées reçues et d’un coup d’épaule forcer le passage. En boxe, Sarah Ourahmoune, la vétérane des rings  fut de celle-ci puis Estelle Mossely championne olympique sacrée en 2016 lors des J.O. de Rio en poids léger. Ces deux boxeuses, mains gantées ont frappé les bons coups pour mettre en lumière une discipline étranglée par les préjugés. Aujourd’hui, elles sont suivies par toute une nouvelle génération qui frappe tout aussi fort. Rencontre avec ces puncheuses qui dans la valse de l’esquive ont chassé une place en finale des championnats de France lors des demies finales organisées aux Sables d’Olonne.       Photographies réalisées les 9 et 10 février aux Sables d’Olonne (Vendée) à l’occasion des demies-finales du championnat de France de boxe amateur