MILLAU-VID et LAISSAC- VID Depuis le 7 janvier, chaque mardi, chaque matin, 5 heures sonnées, je prends la route de Vaysse Rodier, direction Laissac. Cet hiver, je l’ai connue enneigée, verglacée, simplement embrumée. Mais je l’ai surtout affrontée méchamment noyée dans un épais brouillard, à rouler le nez sur le volant à espérer vivement que ce drap blanc se déchire en plongeant dans la descente des Palanges fantomatique et hypnotique. C’est une route un brin joueuse et malicieuse. Elle peut surprendre les petits malins. Elle est sournoise et hasardeuse car mine de rien, du haut de ses 1000 mètres d’altitude, passé la Croix des Pathus, elle prend tous les vents, tous les mauvais grains, les premières neiges voltigeuses et accrocheuses, les brouillards les plus insistants sur cette croupe assagie mais si mal léchée. Très franchement, la RD 26 ne craint ni les rhumes, ni les engelures. En ce 50ème jour du confinement, pour la première fois, j’ai pris la route jour naissant pour arriver à Laissac au grand jour réjouissant dans une belle lumière rasante, éblouissante. Le marché aux bovins avaient donc repris ses habitudes après six semaines en sommeil. J’ai vite retrouvé mes habitudes. Sortir les bottes, agrafer son badge puis longer les camions à cul fumant empestant dans l’attente de rentrer dans l’enceinte du foirail. Le bistrot, La Patche, était ouvert, j’ai rencontré Claire. C’est la patronne, une épaule collée à l’embrasure de la porte. D’ordinaire, le bar est déjà noir de blouses noires, bruissement sourd, […]