Stefano Fogher

26 mars 2025

Tour du monde dans les pas de l’homme – monde !

Un lundi soir, entre deux averses, à marcher seul sur le trottoir de gauche, Boulevard Richard, à observer de loin les vitres cassées de l’ancien Hôtel Dieu, à tenter de deviner les formes ténébreuses de fantômes me suivant ostensiblement d’un regard vitreux, j’ai pris une grande décision, je me suis offert un Tour de Monde. Celui qui n’oblige à aucun vaccin, à aucun passeport, à aucune mise en garde sur ces tyrans menant le monde à la baguette ou à la baïonnette, voir pire ! Pour cela, j’ai poussé de la main cette lourde porte s’ouvrant sur l’ancienne chapelle. Une ombre s’est dirigée vers moi, j’étais rassuré. Je me donc suis laissé aller, je me suis donc abandonné à suivre les pas de cet homme habillé dans la sobre élégance du noir. Ne sachant rien de cette aventure, dans quel paquebot allais-je coucher ? Dans quel train de nuit allais-je traverser ces vastes continents, le nez au carreau crasseux mais perlé de fines gouttelettes lumineuses ? Dans quel bas-fond aux néons illuminant le froid béton, allais-je poser mon bagage, à épousseter de vieux oreillers et à tourner les robinets grippés pour un maigre filet d’eau. Passé un entremêla de cordes tendues et de grandes toiles blanches torsadées, Stefano, mon guide, me prit par la main, sans rien me demander, sans tampon, ni ticket, ni même mon identité. Je me suis assis sur une planche de bois blanc, j’ai senti le sol légèrement tremblé, j’ai senti la voix de Stefano me […]
12 mars 2025

En mobylette sur le Larzac, destination Mas Razal

Ce dimanche, Justine Wojtyniak et Stefano Fogher invitaient sur leur scène du Mas Razal, la compagnie « le plus petit espace possible » pour leur spectacle « Mobylette ». «Mais par où tu es arrivé toi ?» En descendant ce long escalier de bois où un chat se prélassait entre deux marches, Justine m‘interpella, assise sur une petite chaise, le visage éclairé par un beau soleil, invité salutaire aux airs printaniers. Auprès d’elle, des objets particuliers, décor singulier, un pot d’épis séchés, une mappe monde, un chapeau haut de forme posé en équilibre sur un abat-jour, le crane d’une brebis, une petite boîte rouge, coffret à ranger des secrets. Et puis, devant elle, ce petit cahier dont elle tournait les pages ouvertes sur la liste des convives et conviés. Je n’étais pas le premier arrivé, mais presque. La maîtresse de maison griffa mon nom, je lui versai mon obole et posait mes fesses dans le creux d’un divan moelleux, invitation, je supposais, à la délicatesse des après-midi paresseux. J’étais donc au Mas Razal, ce lieu de résistance et de liberté artistique. Les jambes allongées à observer les invités, pour la plus-part des habitués, la nouvelle garde du plateau et quelques visages connus, vieille garde de la lutte du Larzac que Justine embrasse à la manière de nos grands-mères, l’étreinte maternelle et charnelle. Au-dessus de ma tête, un petit écriteau noir punaisé sur du lambris, je me suis levé pour en lire le message manuscrit »c’est bien la pire folie que […]