Millau

12 mars 2025

Tournez manège, qui sera le prochain champion ?

Un dimanche matin estival à tournicoter autour des Halles de Millau. Jour du marché aux puces, ambiance décontractée, une accordéoniste, des vendeurs du dimanche de tout, de rien et parfois de belles bricoles et puis ce petit manège tenu par Nathalie et Huguette. Brève rencontre entre deux tours de soucoupe volante dans l’ordinaire d’un été olympique ! « Ils sont forts ces champions Ho la la…Ho la la… Ici on a des champions… Le pompon, allez le pompon… ! Ho la la…Ho la la… Allez on continue… Allez on continue… Qui sera le prochain champion ?… » Micro à la main, Nathalie est à la manœuvre alors que son manège tourne, tourne et que les moutards, la tête dans les étoiles, taquinent du bout des doigts le poil du pompon. Huguette de m’interpeller « et dire que j’ai tout fait pour avoir une fille éduquée. Ah oui, j’ai tout fait. Elle a même fait de belles études d’anglais. Mais un jour, elle est venue me voir pour m’annoncer «Maman, je veux devenir forain et toutes les deux, on ira au bout du monde». Dans ce grand Massif Central du Puy de Sancy au Mont Aigoual, à la conquête d’un petit royaume, inséparables de village en village pour offrir des rêves sucrés aux bambinous et papinous bichant devant leurs grands champions du pompon. Nathalie a posé depuis quelques jours sa petite soucoupe volante face aux Halles. Quant à Huguette, la maman, issue d’une longue lignée de forains auvergnats, sa mère vendait de la […]
12 mars 2025

Templiers 2024…l’essentiel est juste devant moi !

LE PONT DE CUREPLAT…jeudi 16 octobre…18 heures Mon père est né dans un moulin. Je n’ai pas échappé à ce même destin. Je suis né moi-aussi au bord d’une rivière et son canal attenant. Ainsi les crues du Cher, de l’Yèvre et de l’Arnon ont rythmé mon enfance. Profondément émerveillé par cette eau submergeant prairies et peupleraies, lacs éphémères à explorer, chaussé de grandes cuissardes, pour me « plonger » dans ces océans léchant lavoir, écluses et fortifications du château. En ce 16 octobre, au bord de ce parapet à observer la puissance des flots, je ne regarde plus la rivière avec la même innocence. Le Tarn est en révolte. Il gronde, il rugit chargé de troncs filant au milieu du courant puissant comme des obus. La jetée est submergée, jusqu’où peut-il monter ? Pour autant les inquiétudes sont retombées. J’éprouve même un certain soulagement. Serrés l’un contre l’autre dans une voiture sur le parking de St-Estève, Odile et moi sommes restés suspendus en visio sur notre téléphone au bon vouloir de Monsieur le Préfet de l’Aveyron. Une heure d’échanges où la cote du Tarn monte de 3 mètres à 4,80 sans trop savoir pourquoi ni comment. Qu’importe ces atermoiements compréhensibles au nom du principe de précautions, nos arguments portent. Le Tarn ne se dompte pas, nos plans A et B sont simples et efficaces, nous obtenons le droit d’organiser. L’essentiel est sauvé ! LE MUR DES LEGENDES…samedi 19 octobre…17h30 Deux ans plus tôt, sur la 60, passé Desert Wells […]
12 mars 2025

L’Endurance Trail… L’instant majeur, ravageur et détonateur !

Deux – trois heures du mat, l’heure des rêves éveillés et des draps mouillés. Le téléphone du PC Course ne sonne plus. Dans son chalet grand comme une maison de poupée, le doigt sur les platines, Cyril n’a toujours pas piqué du nez, sa sono en sourdine pour une ligne d’arrivée déplumée comme le cou d’un poulet bagarreur. Au centre de ce cercle des émerveillements et de la délivrance, Chauchau et son micro au cœur des confidences. Fin d’une Endurance Trail sauvée d’un Tarn déchaîné, recrachant dans ce tunnel de lumière ces corps meurtris, c’est l’instant majeur, c’est l’instant ravageur, c’est l’instant détonateur. Flot libéré, irradiant et chavirant. C’est précieux, c’est fiévreux, c’est glorieux. C’est intime, c’est sublime, ça illumine. Ainsi, étais-je bombardé devant cette ligne de tir amis, devant ces saltimbanques de l’endurance jouant l’épilogue d’une bataille solitaire avec eux-mêmes. Certains cherchant le recueillement…Certaines la douceur des joues salées…Certains cherchant le regard profond de la compréhension…Certaines dans la captation irrésistible de lèvres complices et sucrées. Pourquoi je cours ainsi, pourquoi je m’inflige cela ? Pourquoi je pousse si loin le curseur dans cette quête de sentiments ultimes ? Pourquoi, moi, j’organise ainsi, pourquoi moi, je m’inflige cela ? Pourquoi moi et mon équipe poussons nous le curseur si loin dans cette quête émotionnelle ? L’éternelle question du pourquoi et son insondable réponse souvent laissée en suspens devant l’irrationnalité de tels instants déraisonnés. Rendre heureux ? Se sentir heureux ? Être vivants, se sentir vivant ? Par ces échanges avec […]
12 mars 2025

Manolo à l’Aloko, entre rêverie et ivresse bienfaisante !

Entre ici et ailleurs, deux points…Une ligne droite tendue entre deux mondes comme les cordes de cette Kora fidèle compagne ventrue que Manolo caresse de ses doigts déliés pour éveiller les sens cachés de cette bienaimée. Deux balises pour accomplir ce grand voyage musical, parlé, chanté, entre ce « petit pays », sa Bourgogne natale et l’Afrique Sahélienne, visa en poche pour conquérir plus loin, montagnes, forêts denses et mangroves à percer les mystères du bambara, du dioula, du malinka et leur alphabet N’ko. Manolo ne s’en cache pas « j’ai bien tenté de chanter en mandingue mais j’ai dû renoncer. C’était de la bouillie, alors j’ai inventé mon propre langage ». Entre son port d’attache natal et ces contrées secouées par le djihadisme, cet artiste conteur s’offre des escales d’un soir, comme ce vendredi sur cette petite scène de l’Aloko, drapé de noir devant une trentaine de convives dégustant le mafé, obligé ! A ses pieds, sa kamele ngoni, sa maîtresse attitrée, celle qu’il cale entre ses deux genoux pour que ses histoires chantées s’accrochent à la douce et pétillante harmonie de cette harpe africaine. Paroles de cordes pincées, paroles de souffle mesuré, Manolo joue l’homme-orchestre d’autrefois, musicien ambulant entre flûte peul, guitare sèche et didgeridoo, one man band qui parfois revient à sa langue natale pour intercaler du Brel lorsqu’il interprète « ces gens-là », l’histoire ténébreuse d’un amour inaccessible. Mais lorsqu’il revient à son « bora » écriture imaginaire d’un phrasé posé du conteur affirmé, Manolo invite […]
11 mars 2025

Les Givrées, Emma Calvé, son intime, le sublime, le dramatique de sa vie !

Nous sommes rentrés à pas feutrés, presque intimidés, dans une douce pénombre, sans mots dire… Avec ce curieux sentiment d’appartenir à un cercle très privé, très fermé, très privilégié, comme autrefois, dans ces demeures bourgeoises, lorsque Emma Calva, dans sa fin vie en souffrance, tenait encore quelques récitals devant un parterres de notables dans la suffisance de leur richesse. La lumière s’estompa dans la pièce, nos souffles retenus dans un silence seulement trahi par quelques chaises grinçantes, les mains jointes, nos corps figés, nous nous tenions droits, nous pouvions être irradiés… Ainsi, nous avions franchi le gué voulu par Justine Wojtyniak, la metteuse en scène, une main tendue pour nous transporter dans l’intime, le sublime, les amours égarés, gâchés, le dramatique de la vie d’Emma Calvé interprétée par la soprano Inès Berlet, autant chantée que contée accompagnée de Swan Starosta en complice et pianiste. Une voix d’éclat, chaude, dorée, piquante, comme l’aurait espéré le compositeur Georges Bizet en créant Carmen. « Quand je vous aimerai ? Ma foi, je ne sais pas, peut-être jamais ? Peut-être demain ? Mais pas aujourd’hui, c’est certain » chantait Emma Calvé, en femme libre, en diva, maîtresse de sa voix, de son corps, les épaules recouvertes de gracieux boléros de perles. Spectateurs muets, nous étions ainsi invités à nous glisser dans ce tableau de sensations, de passion. J’en suis sorti ému. Photographies réalisées lors de la représentation de « L’oiseau que tu croyais surprendre battit de l’aile et s’envola » créée par la compagnie […]