Millau

29 avril 2018

De Chardoille à Soulobres, un Grand Prix sans chichi

Cela me rappelle le Grand Prix de Chardoille. Félix Potin, c’était le ferrailleur du quartier de la gare, propriétaire d’une casse à Juva 4 et de vieilles tractions où l’on jouait les Al Capone. Félix, c’était Monsieur le Président de l’Union Cycliste Mehunois. Dans la campagne, d’Allogny à Quincy, de Reuilly à Neuvy, en passant par Foecy, chaque dimanche après la messe, il plantait son petit décor. Avec sa gouaille, son TUB Citroën, son haut parleur grésillant soudé au capot, sa boîte à outils et son crachoir annonçant le passage des coureurs. C’était l’époque des frères Villepelet. Des paysans de la plaine du Berry. Des costauds, des rustiques, des cuissots de taureaux. Forgés et charpentés au lever de bottes de paille, à la charrue et aux hivers humides au cul des vaches. Des malins, des roublards se partageant, de Pâques à la Toussaint, primes, victoires et coupes de pacotilles. Parfois Jean Graczyck, en voisin, il habitait Vignoux sur Barangeon, venait dire le bonjour et se jeter vite fait, quelques verres de gris, du Mennetou, du Reuilly. Il serrait des paluches et contait des histoires de chasse patate, de mistinguettes et de boyaux percés. Avec sa gueule creusée, tailladée au coupe chou par quinze années pro en passant chez Lejeune, chez Bic et chez Ford. Sacré Popoff, une carrière de puncheur, sept « Tour de France » et 5 victoires d’étape dans la besace, ça classe, la classe. Déjà, on se garait sur le bas côté de la chaussée. Des 4 CV, des […]
12 janvier 2018

Le train d’Aubrac ne siffle qu’une fois

Un ciel à ne pas décrocher la grande ourse. Un ciel à n’espérer ni caresses, ni tendresse, un ciel de tristesse. Les bons vœux, c’est souvent de la foutaise, une pluie chagrin ruisselait à éteindre guirlandes et sapins, Au-delà des rails, des premiers toits, des trous de lumière, d’un jaune cantine, Pas de quoi se mettre à table, pas de quoi se marrer, se desaper. Au pire, picoler, pour ne pas craindre la nuit, les cafards et l’ennui. Le 7514 est arrivé. 17h55, nom d’un chien, pile à l’heure. Deux phares bas, rasant le ballaste, mitant la nuit. Deux arcs de lumière se frayant un couloir le long des rails, Une petite dame est descendue, le contrôleur s’est penché, un pied sur le marche pied. Je savais déjà tout sur elle. Qu’elle revenait du Cantal, que la retraite, c’était pour bientôt. Pour souffler le mot fin, enfin. Son mari, son compagnon, je n’ai pas su, l’attendait, tirant sur un mégot plus court qu’un dé à coudre. Un costaud, barbu, trapu, pas vraiment bourru. Seul, sur ce quai, à griller sa clope, se méfiant de la pluie, guère de l’intrus que j’étais. A parler de la paille de seigle « cent euros la botte ». Il est rempailleur à ses heures dans les Monts de Lacaune « l’hiver, ça occupe ». L’homme s’est penché, ils se sont embrassés. Comme un frère et une sœur. Sur les deux joues. Il lui a pris un baluchon, elle s’est redressée.  Le train n’a pas sifflé. St Rome de […]