Millau

28 octobre 2019

Les deux pieds dans le cercle

Matin d’automne, au Coopérateur, ya p’tite foule, Sous les platanes, petit vent d’autant, terrain du fond, ça grenouille. Les deux pieds dans le cercle, un homme un peu bouboule, Le tee shirt qui moule, les yeux qui riboulent, Une petite tête de citrouille, une bonne bouille. Assis sur un banc, l’éduc l’invite « allez sois cool » Des deux mains, il fait claquer le métal et balance la boule. Elle roule, elle roule, elle roule, Sur un sable fin comme de la semoule. L’homme se tord, vrille et ondule comme la houle, Il s’agenouille, il sert des points, il bafouille, La boule quitte sa route, destination….Kaboul. A ses côtés, un homme à la casquette lui glisse « allez ma poule »     Photographies réalisées le samedi 12 octobre 2019 lors d’une concours de pétanque Sport Adapté sur le terrain du Coopérateur à Millau – France
14 juillet 2018

Ca sentait bon le Larzac chaud

Lettre à mon tonton Albert que j’ai toujours appelé Albert 1er       Cher Tonton, Je ne résiste pas à l’idée de t’écrire ces quelques mots. Car ce matin, je te devine déjà froncer les sourcils, j’assistais à mon premier défilé militaire à l’occasion du 14 juillet. En réalité, ce n’est pas tout à fait une découverte. Car autrefois, j’assistais à maintes parades cadencées sous des soleils à faire fondre des enclumes dans des pays où la justice n’est que parodie, où l’on égorge encore pour un vol de poule. Comme tu le sais sans doute, cela ne t’a pas échappé, la Légion Etrangère s’est installée dans les murs du camp militaire de La Cavalerie. Je vois ton petit sourire en coin car j’ai encore le souvenir précis de cette phrase que tu répétais à qui voulait bien l’entendre « il faut toujours se méfier du mouvement de balancier ». En effet, dans ce cas précis, le retour de l’infanterie à La Cavalerie, quelle ironie du sort ! J’ai passé l’âge de te surprendre toi qui a pourtant tout essayé afin de me faire admettre que l’armée, nous en avions besoin. Je ne vais pas te resservir tes discours qui ont animé plus d’un repas de famille. Très arrosés, je l’admets. Je me souviens d’un 14 juillet, justement !!! Tu avais bien failli en venir aux mains avec ton frère René. La guerre d’Algérie a laissé de longues cicatrices que l’on n’évoque que rarement. Bon je l’avoue, mon vieux fond antimilitariste pur […]
9 mai 2018

Jour de foire du 6 mai, foire à jamais

Il est 6 heures, Millau s’éveille…les premiers camions blancs sont garés sur les bas côtés de la chaussée. Boulevard de la Capelle, le placier, sa petite sacoche en bandoulière, fait déjà sa tournée. Certains forains ont déplié parasols et étalage, certains boivent le café au cul du camion. On parle de l’orage annoncé, des affaires qui marchent mal. Ya comme un gros coup de blues qui enrhume cette foire du 6 mai. Certains gardent le sourire. D’autres annoncent leur retraite prochaine comme ce vendeur de canaris et de serins venu de Haute Loire « j’ai 72 ans, pour moi, c’est fini ». Un vendeur de nappes anti taches l’affirme « la retraite, ça me fait peur, je ne sais rien faire d’autre ». Les saucissons pendent déjà. Ils se balancent et font la gueule, sûrs et certains d’être guillotinés. Un camelot qui accroche des bikinis ultra mini fait des moulinets avec ses bras pour clamer « moi, j’aurai aimé faire du théâtre ». Place du Mandarous, un couple, la soixantaine largement dépassée plaide la bonne humeur. La veille au soir, ils ont compté leur trois sous mais ils se sont qu’en même payé un petit restau en venant de la foire de Baraqueville. Il est 8 heures, sur France Inter, Nicolas Demorand parle des GAFAM. Bon sang qu’on est loin de la Silicon Valley !!! Quelques photos prises au hasard de rencontres matinales bien avant l’arrivée des curieux et des badauds (Millau, le 7 mai 2018)
29 avril 2018

De Chardoille à Soulobres, un Grand Prix sans chichi

Cela me rappelle le Grand Prix de Chardoille. Félix Potin, c’était le ferrailleur du quartier de la gare, propriétaire d’une casse à Juva 4 et de vieilles tractions où l’on jouait les Al Capone. Félix, c’était Monsieur le Président de l’Union Cycliste Mehunois. Dans la campagne, d’Allogny à Quincy, de Reuilly à Neuvy, en passant par Foecy, chaque dimanche après la messe, il plantait son petit décor. Avec sa gouaille, son TUB Citroën, son haut parleur grésillant soudé au capot, sa boîte à outils et son crachoir annonçant le passage des coureurs. C’était l’époque des frères Villepelet. Des paysans de la plaine du Berry. Des costauds, des rustiques, des cuissots de taureaux. Forgés et charpentés au lever de bottes de paille, à la charrue et aux hivers humides au cul des vaches. Des malins, des roublards se partageant, de Pâques à la Toussaint, primes, victoires et coupes de pacotilles. Parfois Jean Graczyck, en voisin, il habitait Vignoux sur Barangeon, venait dire le bonjour et se jeter vite fait, quelques verres de gris, du Mennetou, du Reuilly. Il serrait des paluches et contait des histoires de chasse patate, de mistinguettes et de boyaux percés. Avec sa gueule creusée, tailladée au coupe chou par quinze années pro en passant chez Lejeune, chez Bic et chez Ford. Sacré Popoff, une carrière de puncheur, sept « Tour de France » et 5 victoires d’étape dans la besace, ça classe, la classe. Déjà, on se garait sur le bas côté de la chaussée. Des 4 CV, des […]
12 janvier 2018

Le train d’Aubrac ne siffle qu’une fois

Un ciel à ne pas décrocher la grande ourse. Un ciel à n’espérer ni caresses, ni tendresse, un ciel de tristesse. Les bons vœux, c’est souvent de la foutaise, une pluie chagrin ruisselait à éteindre guirlandes et sapins, Au-delà des rails, des premiers toits, des trous de lumière, d’un jaune cantine, Pas de quoi se mettre à table, pas de quoi se marrer, se desaper. Au pire, picoler, pour ne pas craindre la nuit, les cafards et l’ennui. Le 7514 est arrivé. 17h55, nom d’un chien, pile à l’heure. Deux phares bas, rasant le ballaste, mitant la nuit. Deux arcs de lumière se frayant un couloir le long des rails, Une petite dame est descendue, le contrôleur s’est penché, un pied sur le marche pied. Je savais déjà tout sur elle. Qu’elle revenait du Cantal, que la retraite, c’était pour bientôt. Pour souffler le mot fin, enfin. Son mari, son compagnon, je n’ai pas su, l’attendait, tirant sur un mégot plus court qu’un dé à coudre. Un costaud, barbu, trapu, pas vraiment bourru. Seul, sur ce quai, à griller sa clope, se méfiant de la pluie, guère de l’intrus que j’étais. A parler de la paille de seigle « cent euros la botte ». Il est rempailleur à ses heures dans les Monts de Lacaune « l’hiver, ça occupe ». L’homme s’est penché, ils se sont embrassés. Comme un frère et une sœur. Sur les deux joues. Il lui a pris un baluchon, elle s’est redressée.  Le train n’a pas sifflé. St Rome de […]