Un jour de…

5 août 2021

Decaz Tattoo Show, c’est chaud

TU PEUX LIRE EN MOI ! Journal de bord, journal intime, journal du corps, A cor et à cri, une pulsion, elle est intime, déchirante, L’encre sur ma peau, enivrante, sans âme bénissante , Un désir, elle pénètre, elle déchire, un rugissement, elle est démon. Elle coule dans mes veines, savoureuse, ténébreuse, Ma nuque, mon cou, mes épaules en ailes de papillons, un dragon, que sais-je ? Pour m’échapper, m’affirmer sans craindre les barbelés. Dans le bas de mes reins, des yeux de Chimène, Ainsi, tu peux lire en moi, Plonger en moi, Tu peux suivre du doigt ce labyrinthe. Je suis loup, brebis et sphynx. Je ne te promets aucun festin, Ma peau est parchemin, l’encre séchée, mon venin. Si tu veux bien être baladin, sans craindre l’amertume, les infortunes, Sans craindre l’odeur du souffre, le vent des cendres pénétrantes, Je te promets d’aller loin. Photographies réalisées au Laminoir de Decazeville à l’occasion du Decaz Tattoo Show le 27 juin 2021. Tatouages « miroir » de soi, tatouages « mémoire », tatouages d’affirmation de soi…entre peaux tatouées, néons puissants, Metal hurlant et artistes à l’encre éternelle…
5 août 2021

Un visage pour ne pas oublier

UN VISAGE POUR NE PAS OUBLIER Un long couloir, un très long couloir, sombre et ténébreux. Une faible lumière, des portraits alignés, de femmes, mur de gauche, d’hommes mur de droite. Cadres noirs, visages fixes, regards fixesAu coin d’une porte, le portrait de René Bussy. Joues gonflées, lèvres fermées, souffle coupé. La lumière du flash, clac…deux lampes à déflecteur se projetant dans le cercle de la pupille. Photo officielle anthropométrique du prisonnier René Bussy au camp d’extermination de Auschwitz 1. Assis devant l’objectif, l’homme est dos au mur, le col relevé, le buste droit, une épaule légèrement plus basse. Temps de pose, soixantième de seconde, profondeur de champ réduite. Une photo prise le 8 juillet 1942 entre 13h et 1h du matin, classée et conservée au centre de renseignements SS. Le photographe, un opérateur anonyme, lui-même détenu, affecté au Service de l’Identification géré par la police politique du camp. Sur la gauche, son identifiant, BV.F signifiant BerufsVerbrecher que l’on peut traduire par criminel professionnel, le F. pour symboliser la nationalité, française, suivi du matricule du prisonnier, le 45 319. Plus de nom, plus de prénom, pas de surnom, plus d’histoire, plus d’espoir, plus d’amour, plus d’actes de bravoure, juste la peur, la terreur, juste cinq chiffres tatoués d’une encre noire sur l’avant-bras, 45 319.René Bussy n’était pas un criminel professionnel. Ce poseur de rails aux Etablissements Drouard en Seine et Marne était militant communiste. C’est à ce titre qu’il est arrêté le 26 septembre 1941 puis relâché. Le 19 octobre […]
14 novembre 2020

Tu leur diras que je meurs en bon Français

  « TU LEUR DIRA QUE JE MEURS EN BON FRANCAIS »   L’Aveyron fut durement touchée pendant la guerre de 14 – 18 perdant près de 14 500 de ses fils sur le front. Le village de St-André de Vézines tout comme le hameau de Montméjean et la ferme de Roquesaltes ne furent pas épargnés. 29 jeunes hommes pour la plus part agriculteurs dans de petites fermes familiales vont perdre leur vie précipitant l’exode rural. Aujourd’hui que reste-il de ces histoires dramatiques ? Rencontre avec Marie-José Cartayrade, la mémoire du village.   La lettre débute ainsi « Mon cher Jean ». Elle est datée du 23 octobre 1915, Clément Cambournac, médecin aide major seconde classe engagé sur le front avec la 37ème division écrit ces mots à destination de son oncle : « J’ai eu une veine insensée. L‘obus qui a blessé mes 3 camarades est tombé plus près de moi que d’eux, c’est-à-dire à 2 mètres environ, et je n’ai pas eu une égratignure. Avec quelle ferveur j’ai remercié la Providence de m’avoir ainsi préservé. Il s’en est fallu de peu que tu ne revoies pas le fils de mon père ! Sur ces entre fait, arrivent les attaques. Il a fallu, avec ce groupe de brancardiers mutilés, organiser un service et faire un travail bien plus considérable et dangereux que ce qu’on avait fait jusque-là. Le médecin-chef arrivé au groupe quelques jours seulement avant l’attaque m’a chargé d’abord d’une moitié puis de la totalité du groupe. Je me suis trouvé à la tête de 150 brancardiers […]
5 septembre 2019

Devoir de mémoire

Giovanni Parodi était membre du parti communiste italien. Cesare Salvestroni était fondateur du  parti Action Anti-fasciste. Raffahelo Giolli était critique d’art. Guiseppe Pagano était rédacteur en chef du magazine Casabella. Carmine Berera était membre du cercle des « Libres Penseurs ». Sur ce mur long, blanc et froid, des photos incrustées, des plaques gravées et scellées, des médaillons, des ornements, des fleurs séchées. Juste un nom, un visage, une date de naissance, une année de décès. 1944, 1945, le plus souvent, sans date précise. Sur la droite, une photo attire le regard plus que d’autres. Un médaillon légèrement bombé, en porcelaine blanche et laiteuse, rivé à la pierre. Un nom, celui de Guido Ghizzi, né le 15 juillet 1902 à Guidizzolo, une petite ville de la province italienne de Mantua en Lombardie, exécuté par les nazis le 28 mars 1945 dans le camp de la mort de Mauthausen, cette forteresse de granite construite sur les hauteurs du Danude dans une Autriche alors annexée à l’Allemagne. Le destin de cet homme ? Il n’y a plus aucun secret sauf pour les salauds de négationnistes. Il fut raflé, parqué, affamé, humilié, méprisé, dépouillé et enfin gazé…ou…asphyxié, ou torturé, ou noyé, où brûlé à vif sur les clôtures à haute tension, ou battu à mort, où infecté par un virus…nul ne sait. Nul ne saura. La vie de cet homme au regard sombre ? On peut tout supposer, figé et malmené, au pied de ce mur aux larmes séchées. Il a sans doute aimé sans hésiter, espéré […]
17 mai 2019

Le sixième sens

  Avant de publier ce reportage réalisé à l’occasion d’une épreuve Sport Adapté dans le parc de la Victoire à Millau, j’ai relu les mots de Grand Corps Malade lorsqu’il chante « Sixième sens ». Les voici…. J’ai découvert de l’intérieur un monde parallèle  Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion  Un monde où être autonome devient un objectif irréel  Un monde qui existait sans que j’y fasse vraiment attention  Ce monde-là vit à son propre rythme et n’a pas les mêmes préoccupations  Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation  Ce monde là respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité  Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés. On met du temps à accepter ce mot, c’est lui qui finit par s’imposer  La langue française a choisi ce terme, moi j’ai rien d’autre à proposer  Rappelle-toi juste que c’est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin  Et tout le monde crie bien fort qu’un handicapé est d’abord un être humain  Alors pourquoi tant d’embarras face à un mec en fauteuil roulant  Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement  C’est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas  Certains savent comme moi qu’y a des regards qu’on oublie pas  C’est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance  Un équilibre fragile, un oiseau dans l’orage  Une frontière étroite […]