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19 mars 2020

Millau 2020 « Mais c’est quoi cette rose qui vient du Kenya »

  MILLAU 2020   Aujourd’hui, j’ai fait mon marché avec Carole Delga. Enfin, dans les pas de Carole Delga. Ses achats ? De la mâche ici, s’approchant du cageot, elle apostrophe le jardinier, un bon costaud, un grand blond qui sent bon la scarole «vous savez, je connais tout cela. J’ai payé mes études en travaillant chez un maraîcher ». On passe le porche, arrêt buffet. Elle soupèse les pommes, elle choisit, on est chez Carole, la Carole de St Jean du Bruel, aujourd’hui sans son Loulou. Devant la fontaine, la petite vitrine du fromager s’est bien vidée. Il reste quelques pérails. On est chez les Castelbou de la ferme du Truel, c’est cinq euros pour deux pérails. Chacun se charge d’une poche, d’un paquet, il manque un gros panier. Une pintade s’invite dans les bras d’un colistier. Une volaille de chez Benoit de la ferme du Sot. Et comme Benoît, le roi du petit poulet et du gésier made in Larzac n’a pas sa langue dans son sac, il se redresse, il caresse sa longue queue de cheval, il interroge « mais c’est quoi cette rose qui vient du Kenya ? ».     Photographies réalisées le vendredi 7 mars sur le marché de Millau à l’occasion de la venue de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie pour soutenir Emmanuelle Gazel  
18 mars 2020

Le Brézou, le jour d’avant…

  Les fêlés du frisson post apocalypse repasseront   Au p’tit matin, à quelques heures de l’annonce élyséenne  et solennelle du confinement des français, j’ai pensé en ces temps chavirés «c’est quoi un village abandonné, livré aux âmes errantes, aux herbes rampantes ?». Au beau milieu de mon écran, j’ai donc tapé dans ce rectangle blanc étroit et droit comme une pince à linge «village abandonné Aveyron». Qu’allais-je épingler ? De cette recherche en ligne, un nom mord à l’hameçon, Le Brézou accompagné du titre «village abandonné aux phénomènes très étranges». La source ne m’inspire guère, il s’agit du site complotiste Wikistrike, un blog conspirationniste bien connu, pignon sur rue, dont l’épicerie en gros de la fake news ne craint pas la pénurie. Pas besoin de gratter le vernis, ovni, disparitions inexpliquées, cancers et suicides, ça fricote avec le paranormal, le texte sent le poil frais du Bigfoot, ça lèche les bottes de l’infox, je descends d’un bloc. Le doigt sur le dos de ma souris, je clique sur le titre suivant « Le Brézou, village construit par l’EDF abandonné dans les années 80 ».  Source Wikipédia, à l’appui, un texte et des photos réalisées lors d’une visite intime et documenté d’un promeneur intrigué. Cette fois, cela me semble plus sérieux. Le Brézou, village abandonné ? A en croire ce visiteur anonyme, pas si sûr ? Un délire, une imposture ? A vérifier, ce fut vite décidé. Curieux, au lendemain d’un vote sans second tour, au petit jour, j’ai donc pris la route de Brommat, carte dépliée sur […]
4 mars 2020

Millau 2020, « La démocratie, ça s’apprend »

  MILLAU 2020 Petite leçon d’histoire constitutionnelle et jeux de rôle. Balayage et dépoussiérage sur les types de suffrages. « QCM » à choix simples, à droite les pour, à gauche les contre. Ou l’inverse. Petits brassages d’idées, de convictions. Des groupes se forment, débat rapido sans micro, le temps est minuté, conclusion et changement de camp si besoin. Une question : qui est engagé dans l’action sociale plus exactement dans la vie de la société ?   Comme sur un parvis de cathédrale, le groupe se divise en quartiers. Un militant monte sur une chaise « je suis le beffroi ». C’est informel, assemblée mouvante, chacun piétine, Millau se divise à plat. On rajoute des tables, une pour les expatriés de la campagne. Six quartiers reconstitués, six groupes formés pour un exercice de démocratie directe. Au micro, un militant l’affirme « La démocratie, ça s’apprend ».   Photographies réalisées le 3 mars dans la chapelle du Créa (Millau) dans le cadre de la campagne électorale pour les Municipales menée par la liste conduite par Camille Valabrègue et Benoit Sanchez Mateo
2 mars 2020

« Tiens, ça fait silence tout d’un coup »

  Un silence, Isabelle Huppert retient son souffle. Elle est droite et digne. Elle ouvre les lèvres, elle pose sa voix Les mots sortent avec lenteur, intonation grave, chaque syllabe découpée au carré comme cloutée sur une lame de parquet. Le poème choisi « Le vieil homme » de Louis Aragon. Elle débute ainsi : « Moi qui n’ai jamais pu me faire à mon visage, Que m’importe traîner dans la clarté des cieux, Les coutures, les traits et les tâches de l’âge » Au sommet du chemin de la Roussilhe, entre ciel et terre, une imposante bâtisse blanche regarde la Truyère assagie se faire avaler par les flots intrépides du Lot. En balcon au dessus de cette confluence, la maison de retraite est là, perchée sur ce flanc, baignée d’un soleil capricieux pris en otage entre deux giboulées de mars. Nous sommes le 1er du mois, le baromètre n’attend pas pour déclencher les hostilités. Les majorettes sont rentrées les premières, alignées comme des petits soldats de plomb dans cette salle de vie. Visages et paupières pailletés, quelques pas cadencés, un pas de côté, une courbette, intimidées, elles s’esquivent. Je me faufile, je m’assoie sur l’un des sièges vides. Un rayon de soleil illumine précipitamment la pièce, dehors le ronflement des tagazous s’est tu, les mots du «vieil homme» me reviennent en écho, la voix d’Isabelle Huppert, si profonde, si théâtrale,  est en moi, si prenante en ce jour de carnaval : «Voici déjà beau temps que je n’ai plus coutume, De défier la neige et […]
29 février 2020

Millau 2020, Quel avenir pour ne pas sauter du navire ?

  MILLAU 2020   Espace Capelle nouvelle ère, aire en lumière. On grimpe quatre marches, des pavés luisants et glissants, au coin du « Tout va bien », rue de la Capelle, une perpendiculaire crépusculaire. Dans l’ombre, des loustics aux aguets, des boutiques à l’arrêt, une bouchée de pain sur le Bon Coin. Rue Droite, rue Etroite, rue Basse, rue de la Fontaine Basse dans l’impasse, la nuit, c’est Fantômas, le jour, c’est soupe à la grimace. Rue des Jacobins, on y partage des potins. Rue des Colloristes, rue des Cuirs, ne plus se mentir, c’est toute une histoire. Rue du Mandarous où les pas de portes ferment au verrou, des boutiquiers héritiers d’un passé, des commerçants résistants. Quel avenir pour ne pas quitter le navire ?     Photographies réalisées le 28 février à Millau dans le cadre de la campagne électorale pour les Municipales 2020 menée par Christophe Saint Pierre lors d’une rencontre avec les commerçants de la ville.