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15 janvier 2018

Un jour toutou – matou au Pet Show

« Ma fille, tu finiras comme une vieille couille de chat. Voilà ce que me disait ma mère ». A l’âge de six ans, Lydia ramasse déjà les chats errants, chats de gouttière, chats en misère, en longeant le ruisseau, sur le chemin de l’école. Lorsqu’elle franchit le seuil de la porte, elle connaît le refrain, sa mère hurlant  « ça suffit ma fille ». Lydia était née pour ronronner avec des chats « c’était mon destin ». Elle cite le proverbe « ce que femme veut, Dieu le veut » pour raconter comment elle prend dans ses bras son premier chat de concours, un persan lors d’une exposition à Bordeaux « mon mari ne voulait pas. Il m’avait confisqué le carnet de chèque ». Devant la cage et le matou aux poils longs, le mari agite le carnet de chèque « tu ne l’auras pas, tu ne l’auras pas ». Lydia ajoute « ils sont parfois couillons les hommes » et son chat en clandestin, arrive en douce, sur son couffin, par le train. Le mari, il s’est résigné. Il n’a pas eu le choix. Le jour de son mariage, il fut prévenu  « je pars sur la côte Adriatique acheter un reproducteur. Mais je pars seule». Aujourd’hui, la maman de Lydia a 88 ans. Elle aussi ne lutte plus contre une évidence. Elle vit médicalisée sous le toit de sa fille. Elle ne crie plus « ça suffit ».   Reportage réalisé le 14 janvier 2018 à Paris lors du Animals Show
12 janvier 2018

Le train d’Aubrac ne siffle qu’une fois

Un ciel à ne pas décrocher la grande ourse. Un ciel à n’espérer ni caresses, ni tendresse, un ciel de tristesse. Les bons vœux, c’est souvent de la foutaise, une pluie chagrin ruisselait à éteindre guirlandes et sapins, Au-delà des rails, des premiers toits, des trous de lumière, d’un jaune cantine, Pas de quoi se mettre à table, pas de quoi se marrer, se desaper. Au pire, picoler, pour ne pas craindre la nuit, les cafards et l’ennui. Le 7514 est arrivé. 17h55, nom d’un chien, pile à l’heure. Deux phares bas, rasant le ballaste, mitant la nuit. Deux arcs de lumière se frayant un couloir le long des rails, Une petite dame est descendue, le contrôleur s’est penché, un pied sur le marche pied. Je savais déjà tout sur elle. Qu’elle revenait du Cantal, que la retraite, c’était pour bientôt. Pour souffler le mot fin, enfin. Son mari, son compagnon, je n’ai pas su, l’attendait, tirant sur un mégot plus court qu’un dé à coudre. Un costaud, barbu, trapu, pas vraiment bourru. Seul, sur ce quai, à griller sa clope, se méfiant de la pluie, guère de l’intrus que j’étais. A parler de la paille de seigle « cent euros la botte ». Il est rempailleur à ses heures dans les Monts de Lacaune « l’hiver, ça occupe ». L’homme s’est penché, ils se sont embrassés. Comme un frère et une sœur. Sur les deux joues. Il lui a pris un baluchon, elle s’est redressée.  Le train n’a pas sifflé. St Rome de […]
4 janvier 2018

Une ampoule brille, parfois elle grille !

On peut tourner en rond, sans un rond, A toucher le fond et se fracasser le front, On peut choisir une diagonale, Relier une mer, un océan, pour que dalle, Perché, à nu, sans plumage, à jouer les hiboux, Des nuits de clair obscur, des « ptits » matins dans le dur, dans le mou, On peut trouver le principal ou peau de balle, On peut chercher l’animal, sans cri primal, Sans rasoir, Sans passoire, On peut renaître sans feu de paille, Simple escale et rentrer au bercail, Au loin, une ampoule brille, Parfois elle grille.     Reportages réalisés lors des 24 Heures de Bourges, des 48 Heures de Surgères, des 24 Heures de Brive, de la Transe Gaule
1 janvier 2018

Kondoa, c’est fragile comme de la faïence

Habillée d’une petite jupe plissée, D’un chemisier blanc cassé, A marcher sur le fil tendu de son destin, Dans le dos, mains croisées, regard profond, apeuré, enfantin, Failuna, guère plus haute qu’une longe de manioc, En course pour gagner une breloque, une poule, un coq, Pour la première, une enveloppe blanche, 30 dollars, une pincée de vieux billets poisseux, premier passeport en zone franche, Une scolarité promise en poche, C’est mieux que de gratter le manioc à la pioche, Pour quitter son village, les préjugés, la fatalité, les superstitions, Partir, partir, fuir, fuir, sous haute tension, Ce carré ensablé, dépouillé, asséché, Kondoa, ces masaïs désœuvrés,  Ces bars à bière pour gueules assèchées, Ces minarets, ces chapelles qui ne soignent aucune brèche, Failuna en partance, avec méfiance, dans la voyance, C’est si fragile, comme de la faïence.   L’organisation des Templiers a financé plusieurs années la scolarité de Failuna Abdi qui par la suite est devenue internationale de course à pied (31’47’’37 sur 10 000 m en 2017, 16ème au Mondial de Cross de Kampala en 2017).   Reportage réalisé à Arusha et Kondoa (Tanzanie)
21 décembre 2017

Mont Cameroun, grâce et châtiment

La course sauvage, La course qui fait des ravages, L’ascension ultime, Intime, sublime, au bord de l’abîme, Un volcan de feu, un bras de fer, D’obsidiene, de mâchefer, Hut 1, Hut 2, Hut 3, Enfin la caldera, Couronne de poussière, L’orage, électrique,  une prière, Enfin le sommet, On reste muet, En tourbillon, le vent des sorciers, Le Char des Dieux siffle, crache, Le vent hurle, arrache, Pour se faire gracier, Pour être châtié. Reportage réalisé à Buéa (Cameroun) en 2005