admin3528

27 juin 2018

Vent de travers un jour de viaduc

  Le noir Soulages, le noir des ténèbres, profond, impénétrable, « l’outrenoir ». Face à nous, le ciel s’était maculé d’un noir Soulages, coiffant l’horizon d’une chape de plomb, bien au-delà des rives de Loire, bien au-delà de ces grands peupliers, fins du pied, fragiles, graciles, se courbant déjà sous la puissance d’un vent déchirant. L’orage allait crier sa rage, c’était sauve qui peut dans « l’outrenoir ». « Mais vous n’allez pas rester là ? ». Nous nous étions réfugiés sous un appentis, le dos collé au mur déjà humide. Un petit bonhomme tout rond venait de cogner au carreau poisseux « allez venez, j’ai du Bourgueil rouge, ça va vous réchauffer ». On s’est regardé, nous avons hésité. La pluie martelait et fouettait le sol. La foudre tournoyait comme le bourreau au pied de l’échafaud. L’homme a rajusté sa casquette de marinier, signe de dire « alors, vous vous décidez ? ». On ne s’est même pas présentés. Nous étions finalement de simples pèlerins de passage partageant un maigre quignon de pain. Ca allait de soit, dans ce garage sombre et bas de plafond. Nous nous sommes assis sur un banc et nous avons posé nos coudes sur une toile cirée bien dégraissée. Au dessus de nos têtes, trois crabes séchés et poussiéreux se dandinaient sur un fil de pêche, le petit homme de lâcher « j’ai eu quatre cancers. Et à chaque fois, j’ai accroché une de ces bestioles pour lui dire merde à cette saloperie». Il […]
26 juin 2018

L’or blanc, c’est mieux que le lait caillé

  « J’aurai 80 ans cette année ». Monsieur Plagnard se frotte la pomme des mains en murmurant ces mots. Comme si à chacune de ses respirations, il guettait l’inconnu « 80 ans, ça change tout. C’est plus la même chose ». Chaque année, entre le Circus et la Cap, Monsieur Plagnard m’offre le café. C’est un rituel, comme de mettre un cierge dans une petite chapelle, pour voir scintiller une flamme tremblante dans la pénombre des lieux, sans mot dire, sans rien se dire. Lui et son épouse habitent la ferme familiale de la Vincente. Il y est né, à l’arrière de ce qui est aujourd’hui une étable. Au pied de ces immenses alpages où le toit des burons brille parfois comme des loupes lorsque le soleil levant fouette et embrase le pic de Gudette. Le café, il le sert à la casserole tout juste sortie du feu. Habituellement, il propose un gâteau sec. Autre rituel que de tremper le biscuit sorti d’une boîte en fer, comme une offrande, une oblation. Mais pas cette fois. Raymond Plagnard est né au temps des hivers qui fissurent les plafonds de verre. Au temps des chutes de neige où le manche de pelle poli par la corne prend la forme des mains rugueuses et calleuses. Au temps des printemps humides, encore neigeux, souvent « brouillasseux » qui se font attendre, qui rendent les hommes, les femmes hargneux et grincheux. Raymond  est donc né dans la montagne, au pied du Fer à Cheval. Le cul des vaches devait être […]
25 juin 2018

Un jour « bénévole » ou « volontaire » sur l’Aubrac

Je n’aime pas le mot bénévole, Je lui préfère celui de volontaire, c’est plus noble. Volontaire pour s’engager, pour donner, pour s’oublier, S’engager pour vous, pour lui, pour moi, Donner pour celui, pour celle, pour ceux Pour s’oublier, s’engager et se donner sans se mettre hors jeu. Certains ramassent des ampoules aux mains, Certains ramassent des cèpes nains de jardin, Certains tirent des cordes, des ficelles, des liens, Entre vous,  entre nous, avec moi, des petits rien. Certains préfère couper la tome, D’autres, des quartiers de pommes, J’aime bien les pince sans rire, Les taiseux mais besogneux qu’il faut chambrer pour décrocher un sourire. Souvent dans l’ombre, à joindre les deux bouts, les deux bords. C’est pour cela que je préfère le mot volontaire, il sonne fort. Avoir la volonté de satisfaire, d’accepter des taches, en vrac, Dire bonjour, merci, ça va, sur l’Aubrac, sans jouer les cracks. Vouloir donner un peu, beaucoup, Un jour plein de volonté, faut tenir le coup, ça vaut le coup. Portraits réalisés lors de Trail en Aubrac à Nasbinals (Lozère) le 24 juin 2018
11 juin 2018

Un jour à marcher dans le vide

Une ligne à haute tension, Rivée entre deux rochers, deux pitons. Haut voltage, j’oublie le vide, les étages, Haut cordage, j’oublie les marécages. Une ligne à vibration, Sans hélice, je suis sans option. Haut de tête, d’épaules, de bras, Regard de haut, je suis fier comme un cobra. Je n’ai pas de souliers de satin, Dialogue entre ciel et terre, est-ce vain ?  Je mords le vide, je le caresse, Je m’envole, suis-je dans la sagesse ? Reportage réalisé le 10 juin 2018 lors du Troglodyte Highline Tour dans le site de Dargilan – Lanuéjols (Lozère – France)
22 mai 2018

Il suffirait de presque rien, un jour de Foire de Tout

Un dimanche de Pentecôte, Au sommet d’une côte. La Foire de Tout, ou presque tout, Greniers, garages vidés de tout, ou presque tout. De vieux clous, Vendus six sous, De vieux polars, Ca vaut pas un dollar, Une robe de mariée et son  bolero, Ca vaut pas 200 euros, De vieux jouets, de vieux disques, Tient…Serge Regianni, Ca vaut bien une larme de nostalgie, Un seul titre, « Il suffirait de presque rien » C’est le jeu, on marchande pour un rien. Reportage photographique (réalisé à l’Iphone) sur la route du Mont St Michel en traversant le village de St Patrice du Désert (Normandie – France) le jour de la Foire de Tout – le 19 mai 2018