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18 août 2018

Cornus, les tracteurs de l’Angélus

  11h30, les cloches sonnent, fin de l’office. Un curé entouré de trois jeunes hommes de prière et de quelques fidèles sortent sur le parvis de l’église. Des gens de bonnes familles, à n’en pas douter. On s’embrasse autour d’un curé gai et enjoué, blagueur et cajoleur.  Une dame bien mise, sur son 31 d’un 15 août, présente ses enfants, de jeunes ados propres sur eux, chemise blanche pour le garçon, chemisier blanc et jupe plissée pour la fille, un peu courte toutefois. Le petit groupe se disperse, le curé en chaleur sous un soleil vésuvien lâche « on va quitter tout cet attirail». Abbé et aumôniers se glissent dans la fraîcheur de l’église, un dernier génuflexion. Ils ressortent en bras de chemise. C’est midi, l’heure de l’Angélus, c’est midi l’heure des tracteurs de Cornus. Ce n’était plus tout à fait la fraîche lorsqu’une centaine de vieux tracteurs s’est ébrouée de cette commune nichée au fond d’un cirque rocheux pour une ronde pétaradante. Une tradition vieille de dix ans de ressortir des granges, du Larzac au Guilhaumard, ces carcasses de ferrailles, pour leur redonner vie, les reboulonner, les graisser, calmer fuites, durites, arbres à cames et vieux pistons, les bichonner même rouillés, de vieux treubleus, des tagazous, qui sentent l’huile, qui ronflent et pètent comme des Santa Fe. « Le béret sur la tête, on va courir le monde » comme le disent les basques…Midi, fermiers, mécanos, rafistoleurs, bidouilleurs, fils de paysans, sont arrivés, une bonne centaine, assis sur de larges sièges, de […]
18 août 2018

Nasbinals, les juments en cavale

    Photographies réalisées à Nasbinals (Lozère – France) lors du Concours Complet d’Equitation des Monts d’Aubrac le 12 août 2018
6 août 2018

Un jour de joutes dans le canal de Palavas les Flots

  14 heures, l’heure des dernières frites alanguies pataugeant dans les persillades refroidies. 14h, l’heure de la descente à la mer, le père, la mère, la marmaille, cap sur la plage, sous la canicule, ambiance crème solaire et humeur aigre, amère. 14h, au Tenchadou, ce n’est plus l’heure de plaisanter. Dans ce local, où autrefois, les pêcheurs teignaient les filets lorsque les cordages se tressaient d’un coton écru, c’est l’heure du défilé. Les hommes se sont habillés de blanc, dans le respect de la tradition. Des chaussures de toile, au slip en passant par la cravate que David Aprile, l’un des chevaliers de la mer, illustre vainqueur de la St Louis, tend à chacun. On ajuste col de chemise, manches de marinière et nœud de cravate. David l’intrépide laisse glisser « en les voyant tous en blanc, j’ai eu les larmes aux yeux ». 14h 30, c’est donc l’heure venue des jouteurs. Rassemblés, bien alignés, au son du hautbois et du tambourin, poings fermés sur la lance coincée dans le pli de l’haine, drapeaux l’un bleu, l’autre rouge, au carré dans le vent, ils rejoignent le Lez, ce canal aux eaux vertes se jetant dans la Grande Bleue, face à la statue des Pêcheurs. « Quand tu es là haut, tu as le sang qui boue ». Eperonné en juin, « coccyx », c’est son surnom,  se remet d’une vilaine blessure aux cotes. Aujourd’hui, dans une barque bleue, virevoltant à bâbord et à tribord de ces deux gros bateaux de combat, il ramasse pavois et lances […]
28 juillet 2018

Eldoret, la fin du paradis ?

Eldoret, paradis perdu, Eldoret, paradis corrompu. Eldoret, paradis vendu, Aux mécréants, Aux renégats, Aux cancrelats. Sans foi, Ni loi, Sans émoi. Ca laisse sans voix Dans le désarroi, Je suis désormais un pauvre rabat-joie.   Photographies réalisées les 22 et 23 mai 2015 à Eldoret – Kenya lors d’un meeting national d’athlétisme. Eldoret reste encore à ce jour l’épicentre d’un triangle où est né l’athlétisme kenyan, où celui-ci est devenu une industrie désormais tragiquement pervertie par le dopage
23 juillet 2018

Sur la route de l’Orpi

Connaissez vous la France Orpi ? Je viens à nouveau de traverser celle-ci par ces petites routes  qui viennent lécher l’arrière train des monts du Cantal, puis la croupe du Sancy, des départementales, des communales se faufilant, par champs et par maigres vaux lorsque l’Auvergne cède le pas à ces vastes domaines agricoles où le glyphosate impose son diktat. La France Orpi, c’est la France qui est à vendre. C’est la France des villages qui a tiré sa révérence, dans le silence des départs, pour l’ailleurs, pour l’éternité. Il reste bien quelques âmes égarées, quelques vieux salement courbés à biner l’herbe folle à jamais, quelques chiens mollassons vautrés sur de vieux paillassons. C’est la France de l’oubli, aux portes closes, aux jardinets embroussaillés, des petits chez soi, sans émoi, dans l’effroi, A VENDRE…A ACHETER…A VENDRE…Les panneaux rouges accrochés aux fenêtres se succèdent…A VENDRE…A ACHETER…A VENDRE…au beau milieu des thuyas et des lilas qui ne sont plus taillés, catalogue de la désespérance, funeste Monopoly où Orpi, l’agence immobilière tient les dés, les baux et les clefs dans le creux de sa main. On n’y gagne que le droit de murer portes et vasistas ou de se sauver, et vite, sans y faire choux gras. Orpi marchand de bien ou fossoyeur du plus rien ? Car les boulangers au ventre rebondi ont vidé les derniers sacs de farine, les bouchers, les charcutiers ont découpé les dernières côtelettes. Les maîtres d’hôtel, autrefois relais de campagne ont plié une dernière fois nappes et serviettes. […]