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5 septembre 2018

Slab City, rencontre avec BJ

SUR LA ROUTE DE SLAB CITY « Maintenant, je suis un adulte » – rencontre avec B.J. De loin, j’ai vu un gars arcbouté sur un petit vélo, une main sur le guidon, l’autre à tenir tant bien que mal une longue planche, le cul traînant dans la poussière. J’ai stoppé ma bagnole, je me suis dirigé vers lui « tu veux de l’aide ? ». On s’est serrés la main et j’ai enfourché ce bois de récup. par l’arrière. Plusieurs fois, il s’est retourné « t’es sûr que ça va, t’es sûr que ça va ? ». Arrivé à son van, on a posé cette carcasse de bois. Il m’a dit « attends cinq secondes ». J’ai attendu, il est revenu, il m’a tendu une petite pierre nervurée « c’est une améthyste ». Et c’est là qu’on s’est vraiment salué « moi, c’est Basile Calvert Junior, mais ici on m’appelle BJ. « Heu ! BJ, ça veut dire ? « BJ, ça veut dire Black Jesus ».   A la Thanksgiving, toute famille américaine unie et heureuse, tout au moins en apparence, se doit de faire cuire la dinde. Ce jour-là, BJ, lui, prend la route pour Slab City « C’est une copine qui m’a dit « tu viens avec moi ? » « Oui mais quand ? » « Et ben, là tout de suite ! ». BJ a mis trois bricoles dans un sac à dos et c’était parti.   On ne se met pas ainsi le cul dans […]
4 septembre 2018

Slab City, les Snowbirds se sont envolés

  Pour préparer les troupes américaines qui doivent intervenir lors de la seconde guerre mondiale, c’est ce coin désertique de la Californie qui est choisi pour construire la base Dunlab pour former les unités à s’engager en milieu aride notamment en Afrique pour l’opération Torch au Maroc et la campagne Tunisienne sous commandement du Général Patton. De cette base qui n’aura été opérationnelle que neuf années, de 1940 à 1949, il ne reste que quelques vestiges dont les surfaces encore apparentes ont fait le bonheur des graffeurs, trois réservoirs, un tanker, une piscine et quelques dalles cimentées, des « slabs » qui ont donné le nom à cette cité du désert.   Si Slab City fut, au départ de l’armée, un camping autogéré accueillant les Snowbirds, ces retraités venus passés l’hiver au chaud, il est difficile aujourd’hui de qualifier cette cité protéiforme s’étirant de part en part la route qui autrefois conduisait au QG de la base. L’ancienne guérite et Salvation Mountain marquent l’entrée dans Slab City. Est-ce en réalité une ville ? Un bidonville ? Un squat ? Une ZAD comme nous les connaissant en Europe sur des lieux de contestation ? Sans doute un mélange anarchique en orbite autour du Range, cette boîte de nuit à ciel ouvert, épicentre de ce camp tribal où l’été venu, seuls 150 à 200 slabbers subsistent malgré des températures caniculaires, résidant de vieilles caravanes, vieux trailers ruinés et défoncés, une grosse centaine au total, ensablés comme de vieux rafiots échoués sur le flanc.   Il y a bien […]
2 septembre 2018

Slab City, rencontre avec Kim

SUR LA ROUTE DE SLAB CITY « Ici, tu dois faire gaffe à tout le monde » – rencontre avec Kim « OK, OK, on se retrouve ici demain matin à 8h ». J’ai pensé « là, je vais me prendre mon premier râteau » car un rendez vous à 8h du mat. à Slab City, je n’y croyais guère. J’ai répondu « vous êtes sûre car c’est tôt le matin ! » « Si Si, je serai bien là ». 8h du mat. le lendemain, j’étais bien là à attendre assis sur les marches du Range, cette boîte de nuit à ciel ouvert qui, chaque samedi, s’éveille en accueillant les junkies, les papy et les affranchis du Slab City tous accompagnés de leurs chiens maudits. J’en étais certain, personne n’est venu. Une petite demi-heure durant, j’ai tué le temps. A mes côtés, un jeune homme encore défoncé cherchait à se mettre sur ses deux jambes sans vaciller, se jetant un sac à dos sur les épaules, se coinçant une veille chaise de camping sous le bras et une guitare sous l’autre, pour disparaître dans le bush. « desesparate man » un de plus, un de trop. Je me suis barré, j’ai roulé dans le quartier. Au loin, j’ai surpris une petite dame à la démarche chaotique. Je me suis approché d’elle « vous allez où comme ça ? » « Je vais au super marché ». J’ai ouvert la porte de droite, elle posa en premier un tabouret, puis son sac […]
2 septembre 2018

Bombay Beach, la station à un dollar

  Je n’ai pas osé lui demander son âge. 70 ??? 75 ans ??? Sonia fait son âge mais à 5 ans près, on peut commettre un impair. C’est donc autour des 70 ans que cette femme a repoussé l’heure de la retraite en devenant propriétaire du Ski Inn Hotel. La signature est encore toute fraîche, cela n’a que 4 mois. Ancienne serveuse, elle est ainsi passée de l’autre côté du comptoir en tenant cette fois la caisse rien que pour elle. Elle a recruté un cuistot « ca pas été simple » et s’est entourée d’une petite armée de retraités qui à,tour de rôle,tiennent le zinc et donnent un coup de main en cuisine. Elle dit « on ne pouvait pas laisser tomber ça qu’en même ! ».   A Bombay Beach, fort heureusement que le bar du Ski Inn Hotel tient encore sur ses deux jambes car un bon paquet d’ivrognes ventousés au bois lustré y trouve refuge dès 10 heures le matin jusqu’à plus soif. Tant qu’il y a un bistrot, il y a de la vie, même ici dans ce lieu maudit, cette devise est bien plus qu’une vérité. J’y rencontre Robert, on parle photo. Il s’est déjà sifflé pas mal de whiskys au bar de l’American Legion, il est bourré mais il a encore les idées claires pour me parler de la subtilité de l’Ektachrome. Il avait son propre studio dans les années 70 à Seattle. Il raconte qu’à 69 ans, il est en affaire, en route pour le Mexique mais plus […]
20 août 2018

Jeu de paume chez voisins, voisines, chez cousins, cousines

  Ce petit film très certainement tourné avec une Bollex 8 mm ne dure que quatre petites minutes. Le temps de savourer une orangeade, ou bien de faire tourner dans un coin de la joue un bonbon acidulé pour en garder le goût citronné. Les images sont tournées en 1953 lors de la fête votive à St André de Vézines, ce village du Causse Noir, qui à chaque lever de soleil, regarde les flancs du Mont Aigoual s’illuminer puis s’évanouir dans les brumes  matinales. On y voit hommes et femmes endimanchés, les hommes en veston et chemise blanche, les épouses en jupe plissée, tournicoter au rythme d’un accordéoniste certes édenté mais enjoué, tapant du pied la mesure, assis sur une chaise perchée sur une table de bistrot.  On y voit deux motards, des gendarmes casqués et sanglés garer leurs engins pétaradant le long d’un mur de grange. On y reconnaît l’église et sa placette où l’on y joue au casse bouteille sous le regard de bambins en culotte courte à bretelles, un nœud blanc dans les cheveux pour les fillettes. 65 ans ont passé depuis le tournage de ces images tremblotantes, un doux témoignage  à la fois exquis et moelleux des temps anciens où la fête du 15 août avec sa messe réunissant tous les bigots et dévots du canton, ses deux accordéonistes, ses farandoles, rassemblaient villageois et fermiers du Causse Noir, de Navas à La Bouteille, pour prier la vierge Marie,  pour boire et s’engueuler, pour flirter et s’amouracher. […]