admin3528

23 juillet 2018

Sur la route de l’Orpi

Connaissez vous la France Orpi ? Je viens à nouveau de traverser celle-ci par ces petites routes  qui viennent lécher l’arrière train des monts du Cantal, puis la croupe du Sancy, des départementales, des communales se faufilant, par champs et par maigres vaux lorsque l’Auvergne cède le pas à ces vastes domaines agricoles où le glyphosate impose son diktat. La France Orpi, c’est la France qui est à vendre. C’est la France des villages qui a tiré sa révérence, dans le silence des départs, pour l’ailleurs, pour l’éternité. Il reste bien quelques âmes égarées, quelques vieux salement courbés à biner l’herbe folle à jamais, quelques chiens mollassons vautrés sur de vieux paillassons. C’est la France de l’oubli, aux portes closes, aux jardinets embroussaillés, des petits chez soi, sans émoi, dans l’effroi, A VENDRE…A ACHETER…A VENDRE…Les panneaux rouges accrochés aux fenêtres se succèdent…A VENDRE…A ACHETER…A VENDRE…au beau milieu des thuyas et des lilas qui ne sont plus taillés, catalogue de la désespérance, funeste Monopoly où Orpi, l’agence immobilière tient les dés, les baux et les clefs dans le creux de sa main. On n’y gagne que le droit de murer portes et vasistas ou de se sauver, et vite, sans y faire choux gras. Orpi marchand de bien ou fossoyeur du plus rien ? Car les boulangers au ventre rebondi ont vidé les derniers sacs de farine, les bouchers, les charcutiers ont découpé les dernières côtelettes. Les maîtres d’hôtel, autrefois relais de campagne ont plié une dernière fois nappes et serviettes. […]
14 juillet 2018

Ca sentait bon le Larzac chaud

Lettre à mon tonton Albert que j’ai toujours appelé Albert 1er       Cher Tonton, Je ne résiste pas à l’idée de t’écrire ces quelques mots. Car ce matin, je te devine déjà froncer les sourcils, j’assistais à mon premier défilé militaire à l’occasion du 14 juillet. En réalité, ce n’est pas tout à fait une découverte. Car autrefois, j’assistais à maintes parades cadencées sous des soleils à faire fondre des enclumes dans des pays où la justice n’est que parodie, où l’on égorge encore pour un vol de poule. Comme tu le sais sans doute, cela ne t’a pas échappé, la Légion Etrangère s’est installée dans les murs du camp militaire de La Cavalerie. Je vois ton petit sourire en coin car j’ai encore le souvenir précis de cette phrase que tu répétais à qui voulait bien l’entendre « il faut toujours se méfier du mouvement de balancier ». En effet, dans ce cas précis, le retour de l’infanterie à La Cavalerie, quelle ironie du sort ! J’ai passé l’âge de te surprendre toi qui a pourtant tout essayé afin de me faire admettre que l’armée, nous en avions besoin. Je ne vais pas te resservir tes discours qui ont animé plus d’un repas de famille. Très arrosés, je l’admets. Je me souviens d’un 14 juillet, justement !!! Tu avais bien failli en venir aux mains avec ton frère René. La guerre d’Algérie a laissé de longues cicatrices que l’on n’évoque que rarement. Bon je l’avoue, mon vieux fond antimilitariste pur […]
9 juillet 2018

Quilles de 8 et bande des 5

  Une petite route grimpant au dessus du village, quelques pavillons ici et là, un chemin de terre à droite, même vitres fermées, la rumeur se laisse deviner. Ce mélange si caractéristique entre clameur et ferveur mixées dans un flow de claquements secs comme si une machine , dans un tempo saccadé débitait du bois mort aux quatre coins de ce carré de sable, serti d’une bordée de grands pins. 9 heures du matin, la première fournée est déjà sur le grill. Ca frappe déjà du bois. Ca claque déjà des mains, en jouant des 10 doigts pour guider de tous ses voeux la prochaine boule prête à fuser. Au sommet de cette colline, un stade, deux terrains sablonneux, dos à dos, séparés d’une lignée de tentes et de parasols multicolores. 5 joueurs dans chaque rangée. 8 quilles, allumettes géantes dressées pour être dégommées et des boules alignées comme de grosses pastèques suantes. Voilà pour la multiplication. Les quilles de 8, ça se joue en bande de 5. Des bruns barbes taillées, des dégarnis crânes rougis, des costauds que l’on imagine fourche à la main soulevant une botte pesant son demi quintal, des minces taille de guêpe nageant dans des shorts flottants. Des 20 balais qui ont quillé à l’école des bleus et qui se cognent dans les poings comme des joueurs de la NBA, des 50 printemps encore guillerets qui ont bûcheronné sur tous les carrés sablonneux du Viaur à La Viadène, du Dourdou au Lévezou. C’est un sport […]
2 juillet 2018

Un jour à rouler sur le feu

Il n’y a pas de youtubers pour les entuber, Il n’y a pas de followers pour les aspirer. On n’est pas aux NG, On ne se pète pas la tronche en 4G Ils ont bien des amis, ça oui, Une poignée ici et là, rôtis comme des ouistitis. Ils roulent à 80, le cul sur le cadre, Ils ne sont pas là pour monter la garde. Dans le ciel, un bimoteur ronfle et grogne en virant de dos, Quant aux poursuivants, ils se font manger la laine sur le dos. Ils ont le cuissard en feu, Sous le casque, la caboche au feu. C’est déjà le sprint, ça oui, ils ont mouillé le maillot, Ca ne s’est même pas joué à un boyau. Ils n’ont droit à un aucun reproche, Ils n’ont pas fait du cinoche. Photos réalisées à Belmont sur Rance (Aveyron) lors du Grand Prix Cycliste de la Grele, le 30 juin 2018
27 juin 2018

Un jour à marcher sur le vide

  Une ligne à haute tension, Rivée entre deux rochers, deux pitons. Haut voltage, j’oublie le vide, les étages, Haut cordage, j’oublie les marécages. Une ligne à vibration, Sans hélice, je suis sans option. Haut de tête, d’épaules, de bras, Regard de haut, je suis fier comme un cobra. Je n’ai pas de souliers de satin, Dialogue entre ciel et terre, est-ce vain ? Je mords le vide, je le caresse, Je m’envole, suis-je dans la sagesse ?   Rencontre avec des highliners à Dargilan – Lanuéjols (Aveyron)  le 11 juin 2018 Voir l’ensemble du reportage