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27 février 2018

Jour de foire pour bêtes de concours

Sarah, Vanessa, Alexandra…des noms de scène. Soudainement, elles font le dos rond…on se précipite, On leur lève la queue, D’un jet dru, elles pissent, elles chient dans un seau tendu. Avec soin et adresse, on leur essuie le cul. Puis la toilette reprend. On tond, on époussette, on laque, on maquille, on brosse. Coincées entre quatre fers, dociles, Sarah, Vanessa, Alexandra font malgré tout les yeux doux. Ce sont des bêtes de concours. On leur tient la tête haute, le dos doit être plat, une ligne rectiligne parfaite. Sur cette ligne tendue, le poil est coupé puis hérissé au peigne fin. Grosse amphore nervurée, le pie doit être rose laqué polaroïd, Les côtes sont dessinées, striées. Sur les flancs, se devinent des arcs aux reflets parfaits sur des robes marbrées,  mouchetées. La queue doit être brossée, époussetée, rituel d’avant mise en scène. La musique retentit, le speaker annonce la belle de Normandie, la belle d’Aubrac, la belle du Vercors. C’est salle Pleyel pour nos belles de campagne et de montagne aux sabots vernis. En chemise blanche et nœud papillon rouge, le vacher est nerveux. Il tient la bride haute. Ses souliers ne sont plus trop vernis. Reportage réalisé le 27 février 2018 au Parc des Expositions de la porte de Versailles à Paris lors du Salon de l’Agriculture
14 février 2018

Dis Papa, pourquoi tu souffres ?

Dis Maman, pourquoi tu as les pieds sales ? Dis Papa, pourquoi tu pleures ? Dis Maman, pourquoi tu embrasses si fort Papa ? Dis Papa, moi aussi j’ai faim !!! Dis Maman, j’en ai marre d’attendre !!! Dis Papa, moi aussi je veux une médaille !!! Dis Maman, pourquoi tu marches en boitillant ? Dis Papa, moi aussi j’ai froid !!! Dis Maman, pourquoi tu es griffée ? Dis Papa, pourquoi tu n’es pas rasé, ça pique ? Dis Maman, quand est-ce que j’invite les copains ? Dis Papa, c’est quoi être trailer ? Dis Maman, t’es belle quand tu cours !!! Dis Papa, pourquoi tu souffres ?   Photos réalisées dans le cadre du livre Trail’Origin et prises entre 2012 et 2016 aux Etats Unis (Californie, Utah, Idaho, Nevada, Montana, Colorado)
12 février 2018

Un jour tattoo à Decaz

Joao, son premier tatouage, c’était pour ses 14 ans « je ne devrais pas raconter cette histoire » Un père biker, des soirées de picole entre potes, Joao et une bande de copains font les poches des assoiffés. «Avec la monnaie, on s’est payé notre premier tatouage. On n’avait pas l’âge mais le tatoueur, lui il a pris la monnaie. Mon père, en apprenant ça, il m’a dévissé la tête ». Ruca est penché sur le bras de Joao. Il relève ses lunettes, elles ont glissé sur le bout de son nez. « She’s enough » Il dit « je me suis fait tatouer cela pour ma femme ». « She’s enough » s’étire au dessus de l’œil droit, comme une grande vague ondulante. Elle est assez ? Elle est tout ? Elle est beaucoup ? Elle est trop ? Ca peut se traduire comment ? Ruca l’artiste ajoute « c’est pour la vie ». Joao a l’œil pétillant « Nous, on est des voyageurs, un jour ici, un jour là bas ». Pour écrire et sculpter, dans la peau parchemin, La phrase est connue « à chacun son chemin… » Ruca roule les RRR, allonge les EEE, courbe les NNN, étire les HHH. Lettres intimes, messages intimes, mots intimes, sans chagrin.   Reportage réalisé à Decazeville (Aveyron) le 11 février 2018
31 janvier 2018

Coup de gong sur Mao Zedong

Principalement dans la province du Hunan où est né Mao Zedong, on affiche encore une certaine dévotion, un certain culte au père fondateur de la Chine marxiste. Chez un coiffeur, dans un commerce de montres et de téléphones, chez un couturier, dans de nombreux restaurants populaires, dans une salle de dactylo, aux portes d’un stade, chez de nombreux fermiers et paysans, ont trouve encore affiches et vieux calendriers aux murs, bustes en plâtre et statuettes du guide suprême qui a conduit le Grand Bond en Avant et la Révolution Culturelle dans un bain de sang avec plus de 80 millions de morts recensés. Reportage réalisé en Chine, principalement dans la province du Hunan en 2009
26 janvier 2018

Un jour de crue à Villeneuve Saint Georges

Lorsque la Seine sort de son lit au petit matin, du mauvais pied et de mauvaise humeur, Lorsque la Seine vient lécher, raboter, sucer, épouser les quais, ça rend de mauvaise humeur, On sort les cirés, les bottes, les râteaux, les pompes, de mauvaise humeur,  « De mon temps, l’eau, je l’ai vue monter jusque là », ça discute de  mauvaise humeur, « Moi, j’ai la chaudière encore inondée », ça râle de mauvaise humeur, Un homme rame dans son bateau gonflable, un coup à droite, un coup à gauche, rue des Ferrailleurs, « Ce soir, pas de bruit, pas d’électricité, pas de chauffage, un bon bouquin », il dit ça de bonne humeur Reportage réalisé le 26 janvier 2018 à Villeneuve St Georges – Villeneuve le Roi, Ablon, Alforville